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HISTOIRES INDIENS AMÉRIQUE ET CANADA


L’OUEST AMÉRICAIN

L'Ouest américain, parfois appelé Far West (Extrême-Ouest en anglais, pendant occidental du Far East, Extrême-Orient pour les anglophones), est une région située à l'ouest des États-Unis. Sa définition a évolué avec le temps, puisque la population a colonisé les terres intérieures en se dirigeant vers l'océan Pacifique. La colonisation est régulièrement appelée la conquête de l'Ouest. Le Far West est une région où se développe une société originale, où se croisent des individus d'origines et d'horizon très différents. L'Amérique mythique des Rocheuses, où s'affrontent les tribus indiennes, premiers habitants du Nouveau Monde et les pionniers venus fonder les États-Unis est à jamais symbolisée, dans la mémoire des peuples, par des déserts rouges à perte de vue et des montagnes sculptées par l'érosion.

 

Attelage de vingt mules dans la Vallée de la Mort

De façon formelle, le Far West est constitué de 13 États américains : Alaska, Arizona, Californie, Colorado, Hawaii, Idaho, Montana, Nouveau-Mexique, Nevada, Oregon, Utah, Washington, et Wyoming. Mais d'une manière générale, on considère que cette région comprend tous les états à l'ouest du fleuve Mississippi. Elle représente donc un territoire gigantesque, aux milieux naturels variés, le plus souvent marqués par l'aridité. L'un des enjeux de la conquête de l'Ouest fut celui de la maîtrise de cette immensité désertique.

La géographie physique de l'ouest américain s'organise en grandes bandes méridiennes, que l'on peut décrire rapidement d'est en ouest : à l'ouest du Mississippi se trouvent des régions de plaines, marquées par un climat continental dans sa partie nord. Ces territoires sont parcourus depuis des siècles par les bisons. Les terres sont fertiles et couverte par la prairie. Le système fluvial du Missouri-Mississippi constitue une voie de pénétration à l'intérieur des terres. Les Monts Ozark se situent entre les fleuves Arkansas et Missouri et ne dépassent pas 700 mètres d'altitude. Ils s'étirent sur environ 350 km du nord au sud. Les Ouachita Mountains ne sont pas des obstacles majeurs (350 km d'est en ouest). Les plaines du golfe du Mexique, larges de 250 à 500 kilomètres, sont constituées de couches sédimentaires. La côte est marquée par le delta du Mississippi, par des lagunes et cordons littoraux qui sont menacés par les cyclones en été et en automne.

 

Montagnes Rocheuses (Colorado)

En allant vers la côte pacifique, les altitudes s'élèvent d'abord dans les Hautes Plaines. Situées à l’ouest des Grandes Plaines, elles constituent un piémont qui marque une transition vers les Montagnes Rocheuses. Les Black Hills (Dakota du Sud) culminent à environ 2 200 mètres d'altitude.

Les Montagnes Rocheuses constituent une chaîne de montagnes élevées à l’ouest des Grandes Plaines et des Hautes Plaines. Elles se décomposent en plusieurs sous-ensembles parallèles et d'extension méridienne. Plusieurs sommets dépassent les 4 000 mètres d'altitude (Mont Elbert, 4 399 mètres). Elles déterminent la ligne de partage des eaux entre le bassin du Mississippi à l'est et les fleuves se jetant dans le Pacifique à l'ouest. Elles sont un véritable obstacle pour les Hommes.

À l'ouest des Rocheuses se trouvent des hauts plateaux disséqués par des cours d'eau tumultueux : le plus célèbre est le Plateau du Colorado, au sud, dont la vallée encaissée forme le Grand Canyon. Au nord, le Plateau de la Columbia, connaît des hivers neigeux. Le Grand Bassin présente une suite de dépressions occupées par des déserts (Vallée de la Mort, Désert des Mojaves) enserrés entre des chaînes de montagne parallèles.

 

Désert de la Vallée de la Mort (Californie)

La Sierra Nevada est une chaîne de sommets élevés qui domine l’est de la Californie et qui borde le Grand Bassin sur environ 700 kilomètres. Son point culminant est le Mont Whitney (4 421 mètres). La Sierra Nevada est une véritable barrière rocheuse et enneigée une bonne partie de l'année. La chaîne des Cascades fait partie du même système montagneux que la Sierra Nevada, plus au nord. Elle comprend de nombreux volcans (Mont Saint Helens, 2 549 mètres).

La plaine de Californie, appelée aussi la Vallée Centrale est un vaste espace plat et fertile, long d’environ 600 km. Les chaînes côtières du Pacifique ou Pacific Coast Ranges en anglais ont pour principal sommet aux États-Unis (hors Alaska) le mont Rainier (4 392 mètres) dans l'État de Washington. La région comprend plusieurs grabens comme celui de la Russian River. Elle est échancrée par des estuaires, comme la baie de San Francisco et le Puget Sound. On touche ici aux régions les plus occidentales des États-Unis.

 

Skagway, Alaska

Le relief de l’Alaska est fortement marqué par la montagne : la Chaîne d'Alaska culmine au Mont McKinley (6 194 mètres). Le littoral est très découpé et ponctué de fjords. Les chaînes côtières bordent le golfe d'Alaska et font partie de la ceinture de feu du Pacifique. Les glaciers façonnent des vallées encaissées. Le milieu naturel est difficile pour les Hommes.

Le Far West est aussi une région faiblement peuplée avant l'arrivée des Blancs : les Indiens des Plaines y sont relativement peu nombreux et vivent en groupes dispersés et nomades. Pour les États-Unis, nés à la fin du XVIIIe siècle, ces contrées sauvages constituent une réserve de terres et de ressources naturelles qui paraissent sans limite.

 

La présence espagnole et mexicaine

 Mission espagnole San Juan Capistrano, Californie

Les Espagnols se sont emparés d'une grande partie de l'Amérique latine au XVIe siècle et cherchent à étendre leur empire colonial vers le nord de l'actuel Mexique. Ils envoient des expéditions (Álvar Núñez Cabeza de Vaca, Marcos de Niza, Francisco Vásquez de Coronado...) depuis la Nouvelle-Espagne, afin de trouver des métaux précieux et des esclaves ; au XVIIIe siècle, la présence espagnole se renforce et s'étend, pour contrer l'expansionnisme français à l'est.Les conquistadores apportent avec eux des maladies qui déciment les populations Amérindiennes. Très tôt, les franciscains et jésuites mettent en place plusieurs missions dans la région pour convertir les indigènes au christianisme. Les Espagnols construisent des forts (presidio) au Texas, au Nouveau-Mexique et en Californie. Ils doivent faire face à l'hostilité des Comanches et des Apaches, aux soulèvements des Pueblos et des esclaves. Ils répondent par une politique de répression et d'alliance avec certaines tribus. Il règne déjà un climat de violence et de non-droit dans ce qui allait devenir le Far West.

 

L'Ouest espagnol souffre de sous-peuplement et peine à accueillir des immigrants. L'essor économique peine à venir, à cause de l'isolement et du monopole du commerce avec l'Espagne : les colons tirent quelques ressources des échanges avec les Français ou les Amérindiens. Ils pratiquent l'élevage extensif ou l'agriculture en utilisant la main d'œuvre locale et le système de l'encomienda. Les mines sont exploitées par des esclaves amérindiens.

 

Avec le traité secret de Fontainebleau (1762), la France cède La Nouvelle-Orléans et la rive occidentale du Mississippi à l'Espagne. En 1774, une piste est ouverte entre les territoires du Nouveau-Mexique et la côte du Pacifique.

 

Santa Fe (Nouveau-Mexique) en 1846

En 1821 le Mexique gagne son indépendance par rapport à l'Espagne à l'issue d'une décennie de guerre. La révolution a détruit l'industrie coloniale de l'extraction d'argent, et le trésor national est en banqueroute. Le long de la frontière nord, les fonds qui ont jusqu'alors permis aux missions, aux presidios et aux camps apaches de survivre disparaissent presque entièrement. Devenu un état indépendant, le Mexique accorde des terres aux Américains qui se révoltent en 1835-1836 au Texas. Au cours du siège de Fort-Alamo par Antonio López de Santa Anna, les 187 occupants américains parmi lesquels se trouvait Davy Crockett meurent dans la bataille. La répression s'abat et l'armée mexicaine se livre à des pillages qui ne font que souder les colons américains. Le 21 avril 1836, Sam Houston parvient à vaincre les Mexicains à la bataille de San Jacinto. Il devient le premier président de la République du Texas, qui est reconnue par le gouvernement américain en mars 1837.

Des trappeurs américains commencent à entrer dans la région à la recherche de fourrures. En 1846 l'idéologie de la Destinée manifeste et l'occupation de territoires disputés entraînent la Guerre américano-mexicaine, qui est suivie par la cession de l'Arizona. En 1853 le président James Buchanan envoie James Gadsden à Mexico pour négocier avec Santa Anna l'achat d'une partie de territoire de l'Arizona et du Nouveau-Mexique.

 

La Louisiane française

À partir des années 1660, la France s'engage dans une politique d'expansion en Amérique du Nord, depuis le Canada. Les objectifs sont de trouver un passage vers la Chine (Passage du Nord-Ouest), d'exploiter les richesses naturelles des territoires conquis (fourrures, minerais) et d'évangéliser de nouveaux autochtones. Les coureurs des bois se lancent dans l'exploration de l'ouest, le « Pays d'en Haut » selon l'expression de l'époque. Ils sont suivis par plusieurs expéditions, parfois menées par des prêtres. En 1673, Louis Jolliet et Jacques Marquette commencent l'exploration du fleuve Mississippi. En 1682, Cavelier de la Salle et Henri de Tonti descendent à leur tour le Mississippi jusqu'à son delta. Ils construisent des forts et nouent des contacts avec les Amérindiens. Ils revendiquent la souveraineté française sur l'ensemble de la vallée et l'appellent Louisiane en l'honneur du roi Louis XIV. L'exploration de l'ouest continue : en 1714, Louis Juchereau de Saint-Denis remonte la rivière rouge et atteint le Río Grande. La même année, Étienne Véniard de Bourgmont navigue sur le Missouri. En 1721, Jean-Baptiste Bénard de la Harpe remonte l'Arkansas en pays caddo. La zone d'influence française s'étend considérablement et les voyages jettent les bases de la reconnaissance du Far West.

 

Les coureurs des bois jouent un rôle important dans l'extension de l'influence française en Amérique du Nord. Dès la fin du XVIIe siècle siècle, ces aventuriers remontent les affluents du Mississippi. Ils sont poussés par l'espoir de trouver de l'or ou de faire du commerce de fourrure ou d'esclaves avec les Indiens. La traite des peaux, souvent pratiquée sans autorisation, est une activité difficile, la plupart du temps exercé par de jeunes hommes célibataires. Beaucoup d'entre eux souhaitent finalement se sédentariser pour se reconvertir dans les activités agricoles.

Bon nombre s'intègrent dans les communautés autochtones. Ils apprennent leur langue et prennent des épouses amérindiennes : on connaît bien le cas du Canadien-Français Toussaint Charbonneau et de sa femme Sacagawea, qui ont eu un fils prénommé Jean-Baptiste. Ils participent à l'expédition Lewis et Clark, au début du XIXe siècle.

 

Coureur des bois

Les hostilités entre Français et Britanniques recommencent deux ans avant le déclenchement de la guerre de Sept Ans en Europe. Elles s'arrêtent plus tôt en Amérique, avant le Traité de Paris (1763). Celui-ci est signé le 10 février 1763 et consacre l'éviction des Français en Amérique du Nord : la rive occidentale du Mississippi est remise à l'Espagne.

 

La vente de la Louisiane ouvre aux États-Unis les portes du Far West

Le traité de San Ildefonso, signé en secret le 1er octobre 1800, prévoit la cession de la Louisiane occidentale ainsi que de la Nouvelle-Orléans à la France en échange du duché de Parme. Le 18 janvier 1803, Joseph Bonaparte, alors roi d'Espagne, rétrocède la Louisiane à son frère. Cependant, Napoléon Bonaparte décide de ne pas garder cet immense territoire. Dictée par le réalisme politique et par la rupture de la paix d'Amiens avec le Royaume-Uni (la Grande-Bretagne et l'Irlande se sont unies pour devenir le Royaume-Uni en 1801), la décision est prise de vendre la Louisiane aux jeunes États-Unis le 30 avril 1803 contre la somme de 80 millions de francs (15 millions de dollars). La souveraineté américaine entre en vigueur le 20 décembre 1803 (acte du Louisiana Purchase). Cependant, les Français, en particulier les coureurs des bois, continuent à fréquenter la région et pénètrent le Far West : ainsi, Pierre Vial découvre la piste de Santa Fe.


27/01/2013
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LE CHEVAL INDIEN ET SES PEINTURES DE GUERRE

 

 

 

 

Cheval de type Appaloosa, à dos tacheté, dit (Speckled Rump

Il fut le plus recherché de tous les chevaux indiens.  Les Appaloosas furent élevés par la tribu des Nez-percés (Oregon) dès le 18ème siècle. 
Les cercles dessinés autour des yeux étaient sensés amener un vision accrue et un flair infaillible. Les cercles et pointillés figurés le long du cou racontent les assauts menés contre des retranchements. La marque rectangulaire rouge indique le cheval d'un chef de raid. Enfin les cercles blancs épars indiquent d'anciennes blessures.

 

Les cercles rouges bordés de bleu racontent la destruction d'un adversaire retranché.  Les plumes de queue et les barres rouges ornant les pattes détaillent les(coups). 
Le (coup), exploit guerrier majeur chez les Indiens, consistait à toucher un adversaire armé à l'aide d'une verge en bois.  Cet acte exigeait évidemment de s'exposer à un risque mortel.  Le (coup) porté de la main nue était la distinction majeure. 
Les plumes compatibilisaient ainsi les (coups) anciens et actes héroïques du cheval.

 

Le cercle blanc atteste d'un combat défensif mené à l'abri d'un retranchement.  Les éclairs rouges sur les jambes apportaient une course rapide. 
Les points blancs prêts de l'encolure sont révélateurs d'une intempérie propice.

 

Les barres dessinées sur le chanfrein indiquent les (coups). La flèche rouge assure le désarroi de l'ennemi.  La main rouge, sur la croupe, désigne un adversaire vaincu au corps à corps ou un (coup) porté à main nue.  Les petites taches rouges groupées sur l'encolure expriment un deuil.

 

Les pointes de flèches rouges dessinées sur les joues sont symbole de victoire. Les grands éclairs constituent un hommage au dieu de la foudre, Wakinyan, qui écartera les projectiles ennemis en remerciement.  Les sabots peints assuraient la vitesse de course.

 

Est un signe sacré. Les taches rouges indiquent les blessures de guerre d'un cheval particulièrement courageux. Les traces de sabots rouges sur la croupe indiquent des raids équestres ou des chevaux pris à l'ennemi.

 

La main tournée était le signe d'un guerrier partant pour une mission très dangereuse. La peinture de l'arrière train, mal interpretée, est, sans doute, le signe d'une appartenance à une "secte" mystique et guerrière.

 

Sans race précise mais très apprécié des Indiens qui peignaient parfois un cheval blanc en "Pinto".  Parfois, le cheval était entièrement peint.  On vit ainsi un guerrier et sa monture peints totalement en bleu à pois blancs ! Les stries horizontales sur l'arrière train sont, ici aussi, révélatrices de l'appartenance à une secte quelconque.

 

Sur la plupart des montures, on notera les queues nouées en chignon afin de réduire la prise de l'ennemi.  Pour une raison similaire, les crinières étaient parfois liées en petites touffes.

 Parmi les autres montures, non illustrées mais appréciées, on trouvait les chevaux sauvages de type "Broncos", ou les chevaux capturés, de plus grande taille, de l'U.S. Cavalry. Les peintures de guerre étaient généralement rouges ou blanches.  Le blanc fut, par exemple, la couleur fétiche des Crows.  Certaines tribus utilisèrent toutefois le vert, le jaune, le bleu ou le noir. 


26/01/2013
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L’ARMEMENT DES INDIENS

 

 

 

 

 

L'arc

A l'époque des guerres indiennes, les Indiens d'Amérique du Nord utilisaient couramment un arc droit dont la force était d'environ 15 kilos.

Les arcs étaient fabriqués en bois, généralement à partir de l'hickory, et étaient parfois renforcés par des bandes en nerf de bison lesquelles étaient généralement ligaturées.

Les cordes pouvaient être constituées de fibres végétales tressées ou de boyau de loup ou de coyote.

 Les flèches, relativement courtes, étaient en bois.  Elles étaient pourvues d'une pointe en bois durcie au feu, ou en pierre taillée et polie, ou en os, ou encore en métal.

 Les carquois, destinés à protéger l'arc et sa corde de l'humidité, étaient réalisés en peau.  Généreusement décorés de perles, peintures et lanières diverses, ces objets sont aujourd'hui très recherchés et très représentatifs de leurs tribus d'origine.

 Malgré l'apparition des armes à feu, l'arc resta l'arme de chasse préférée des Indiens.  Celui-ci présentait l'avantage, en cas de raté, de ne pas voir le gibier s'enfuir à la suite d'une détonation.

 Arme puissante, l'arc indien permettait, à une dizaine de mètres, de transpercer un bison de part en part.  En cas de rencontre avec un os, la pointe se logeait profondémenent dans celui-ci.  Une vertèbre de bison, conservée à l'American Indian Museum de New York, est à ce sujet très révélatrice.

 

Le tomahawk

Arme classique du corps-à-corps, le tomahawk pouvait, selon l'époque et la région d'origine, prendre la forme d'un casse-tête réalisé en bâton noueux,  d'une massue en bois dotée d'un bloc de pierre à son extrêmité, d'une hachette, ou même d'une hachette combinée avec un fourneai à pipe.

 

L'arme originelle fut bien sûr le casse-tête en bâton  qui, par la suite, se vit adjoindre une masse en pierre à l'extrêmité.

Au contact des Européens, l'arme évolua vers la hachette à bout de fer.  Les fers munis d'un fourneau à pipe furent aussi acquis aux marchands européens qui tradiquaient le troc avec les Indiens.

On retrouve parfois certains fers en forme de fleur de lys ce qui laisse supposer une fabrication française, peut-être prévue pour le Canada ou la Louisiane.

 Le tomahawk servait à assomer l'adversaire mais aussi à le scalper lorsque le temps manquait pour pratiquer l'(opération) dans les règles de l'art. Les motifs de décoration des tomahawks sont nombreux : manches ornés de peaux de bêtes, adjonction de perles ou de plumes, peintures diverses.

 

Le couteau

Outil et arme de première nécessité, le couteau était réalisé en pierre ou en os taillé et poli.  Pour en éviter la perte, on le transportait dans un étui profond ne laissant dépasser que l'extrémité du manche.

 

Après l'arrivée des Blancs, les Indiens confectionnèrent des couteaux en fer à partir de lames de sabre ou fabriquèrent eux-mêmes des lames métalliques grâce à un équipement métallurgique rudimentaire.

Le troc permit aux Indiens d'acquérir des couteaux de qualité.  Le modèle le plus connu fut certainement le couteau à écorcher de type (Russell).

 

Outre son rôle d'outil à la chasse ou au campement, le couteau fut bien évidemment utilisé à la guerre pour le corps-à-corps ainsi que pour scalper les adversaires morts ou vivants.

Pour ce faire, une entaille circulaire partant du front et passant juste au-dessus des oreilles était pratiquée au couteau.  Saisissant ensuite la peau du cuir chevelu entre ses dents, l'Indien l'arrachait d'un coup sec, en un seul mouvement.  Rares furent les victimes scalpées vivantes à avoir survécu à un tel traitement. Le scalp, séché soigneusement, était ensuite décoré de dessins rituels racontant les circonstances de la prise par le guerrier.

 

La lance

Au combat, la lance fut essentiellement utilisée comme insigne de (grade) ou de ralliement.  A cet usage, la hampe était décorée de fourrures, de tissus chamarrés, de plumes.

Les Indiens ne semblent pas avoir utilisé spécialement la lance en usage guerrier.  Ils l'utilisèrent par contre à la chasse mais, dans cet usage, la lance était courte et d'aspect beaucoup plus utilitaire.

A l'instar des autres armes, les pointes en silex furent remplaçées, après l'arrivée des Blancs, par des pointes en fer d'une taille relativement longue.

 

Les armes à feu

Les Indiens d'Amérique du Nord firent connaissance avec les armes à feu lors des incursions espagnoles dans cette partie du monde au XVI ème siècle.  Ainsi, en 1539, Fernando de Soto explora la côte ouest de la Floride.  L'année suivante, à la tête d'une forte expédition, Francisco Vasquez de Coronado partit à la recherche des mystérieuses "Sept Cités d'Or".  A son retour au Mexique, deux ans plus, il n'avait pas trouvé d'or mais avait exploré la Californie, l'Arizona, le Nouveau Mexique, le Texas, l'Oklahoma, une partie du Kansas, le Rio Grande et le Grand Canyon du Colorado.

A la suite de ces deux explorations, l'Espagne ne s'intéressa plus aux territoires du Nord et la frontière hispanique se fixa définitivement à hauteur de Santa Fe en 1599.

 

En 1609, les troupes françaises de Champlain tuèrent deux chefs iroquois à coup d'arquebuse.

Lors des guerres du Canada, les Français dotèrent leurs alliés Hurons et Algonquins de fusils à silex qui servirent contre les Britanniques et leurs alliés Iroquois.  Jusqu'à la chute de Québec en 1759, les Français fournirent ainsi de nombreuses armes aux peuplades locales.

 

Les Indiens purent acheter des fusils auprès des comptoirs coloniaux au prix de 20 peaux de castor pour un fusil à silex.

Toutefois, les prix pratiqués faisaient de l'arme à feu un produit de luxe souvent négligé au profit d'objets plus utiles : couteaux, tissus, ustensiles de cuisine, pointes de flèches,...

 

Le fusil à silex fut longtemps le seul modèle demandé, autant par habitude que pour son aspect pratique.  L'approvisionnement du chasseur pouvait se limiter à quelques silex, à de la poudre et quelques balles.

La diffusion des armes à percussion, qui nécessitaient la mise en place d'une capsule de fulminate avant chaque tir, resta longtemps très restreinte.  L'avantage technique de ce nouveau type de mise à feu n'apparut jamais évident aux Indiens.

 

Vers 1810, le gouvernement US suivit l'exemple de firmes privées en fabricant à l'arsenal de Springfield 1.200 "mousquets indiens".  Ces armes n'eurent aucun succès car seuls les modèles traditionnels étaient demandés.

Les Indiens préférèrent toujours les armes à canon court, du genre mousquet de cavalerie ou carabine.  Souvent, ils n'hésitèrent pas à raccourcir les fûts et canons de leurs armes tout en décorant ces dernières d'ornements en cuivre.  Pour répondre à ces goûts, les fusils de traite furent vendus avec des garnitures en laiton et s'ornèrent de contre-platines en forme de serpent ou de dragon.

En raison de leurs performances, les fusils rayés furent très demandés par les Indiens.

Un même engouement suivit l'apparition des fusils à chargement par la culasse.  Ces modèles permettaient de pouvoir tirer et recharger en restant couché alors que les modèles à silex ou à percussion nécessitaient de se redresser, au moins à genoux, pour réintroduire poudre et balle dans le canon.

A la faveur de la guerre de Sécession et des grandes migrations blanches vers l'Ouest, les Indiens purent se doter de nombreux fusils à chargement par la culasse, souvent du type Sharps, ainsi que de revolvers à percussion.

Vers 1876, une arme à chargement par la culasse valait une vingtaine de peaux de bison ou plusieurs chevaux.  Une arme à répétition valait largement le triple.

 

Les Indiens acquirent leurs premiers fusils à répétion lors d'embuscades.  Ainsi, deux fusils Henry furent récupérés par eux lors de l'affaire du Fetterman Massacre.  L'approvisionnement en munitions resta toujours problématique aussi l'utilisation des armes les plus modernes par les Indiens resta-t'elle exceptionnelle. Les Indiens pratiquèrent le rechargement des cartouches métalliques de façon artisanale.  les étuis retrouvés sur les lieux des combats prouvèrent cette activité.

 

Lors du combat à cheval, les Indiens mirent au point une étrange méthode de rechargement des fusils à silex.  Les balles étaient dans la bouche du cavalier, la poudre dans une poire portée en bandoulière.  Le chargement se faisait en versant la poudre dans le canon, en crachant la balle dans celui-ci et en donnant un coup sec contre la cuisse pour faire descendre le projectile sur la charge.  L'avantage était qu'il n'y avait aucunement besoin d'une baguette.  Toutefois, il fallait veiller à tirer sans laisser la balle quitter sa position de chargement sous peine d'éclatement du canon !

 

Un panorama de l'armement des Indiens, en ce qui concerne les armes à feu, peut être fait en se basant sur l'inventaire dressé par l'armée US lors de la reddition des Cheyennes et des Sioux en 1877 :

- 284 fusils dont : - 160 fusils à un coup à chargement par la bouche,

                              - 85 fusils à chargement par la culasse

                              - 39 fusils à répétition (dont 12 d'un modèle Winchester)

- 123 revolvers dont : - 122 à percussion

                                    - 1 à cartouches métalliques.

Selon les critères de l'armée US, toutes ces armes étaient dans un état interdisant toute utilisation militaire.

 

Lors de la célèbre bataille de Little Big Horn, l'armement dut être similaire.  Les douilles de cartouches retrouvées sur le terrain proviennent en majorité de fusils Sharp et, beaucoup plus rarement, d'armes Henry ou Winchester 1866.  Les cadres survivants de la colonne Custer affirmèrent que les Indiens étaient tous armés des nouveaux modèles Winchester 1873.  Il s'agissait là d'une justification mensongère.  Aucune douille de Winchester 73 ne fut retrouvée à Little Big Horn. 


26/01/2013
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LES GRANDES BATAILLES INDIENNES

Bataille du fleuve Wabash

4 novembre 1791

Le Traité de Paris de 1783 reconnut l'indépendance des Etats-Unis d'Amérique. Il octroya au nouvel état une souveraineté sur toute terre située à l'est du Mississipi et au sud des Grands Lacs. 

Cet espace incluait les territoires ancestraux de plusieurs tribus indiennes, situées au nord-ouest du fleuve Ohio, qui ne furent évidemment pas consultées et qui ne reconnurent jamais le traiter.  Durant la seconde moitié des années 1780, les colons subirent environ 1.500 attaques de la part des tribus locales.  Du fait de cet état d'insurrection perpétuel, le président Washington décida d'utiliser la force armée afin de pacifier la région.

 

Le 7 octobre 1790, une troupe de 1.453 hommes (dont seulement 320 militaires professionnels), sous les ordres du général de brigade Josiah Harmar, fut engagée contre les tribus indiennes locales.  Le 22 octobre, à proximité de l'actuelle localité de Fort Wayne, la troupe parvint au contact des Indiens.  Harmar, réputé pour son état d'ivresse perpétuel, envoya une colonne de 400 hommes, dirigés par le colonel Harding, contre une force estimée à 1.100 Indiens.  Informé de l'importance réelle de la force indienne, il se refusa à engager de nouveaux effectifs alors que Harding, certain de recevoir des renforts, engageait le combat.  La défaite, prévisible, fut au rendez-vous et Harmar dut battre en retraite après avoir perdu 223 soldats (dont 129 tués).

 

Le président Washington décida d'une nouvelle opération, plus vigoureuse, pour l'année 1791.  L'opération fut confiée aux soins du général Saint-Clair qui se vit confier deux régiments de l'armée régulière en plus d'éléments de la milice du Kentucky.

 

La bataille

Prévue pour l'été 1791, l'offensive de Saint-Clair fut retardée du fait de divers problèmes logistiques.  Il ne quitta Fort Washington (auj. Cincinnati, Ohio) qu'au mois d'octobre de la même année, avec des effectifs peu formés et indisciplinés, des provisions réduites et une cavalerie quasi inexistante.  L'objectif de cette force était Kekionga, capitale de la tribu des Indiens Miamis, aux abords de l'actuel Fort Wayne, Indiana.

 

Forte d'environ 1.500 soldats, la colonne Saint-Clair était accompagnée d'environ 200 à 250 civils, comprenant des ouvriers, des épouses et enfants de militaires, des blanchisseuses et des prostituées.

En date du 2 novembre, un mois après son départ, Saint-Clair ne comptait plus que 1.120 combattants tant du fait de la maladie que des désertions.  Le lendemain, le 3 novembre, ce chiffre était tombé à 920 combattants (dont 52 officiers).

 

Dans la nuit du 3 au 4 novembre, la force de Saint-Clair campa sur les rives du fleuve Wabash  loin de l'actuelle localité de Fort Recovery.  Le général américain ne se douta pas un instant de la présence d'une coalition indienne forte de 1.800 à 2.000 guerriers dirigés par Michikinikwa (« Little Turtle »), chef des Miamis, "Blue Jacket", chef des Shawnees, et Buckongahelas, chef des Delawares (Lenape).

 

A l'aube du 4 novembre 1791, la coalition indienne attaqua, par surprise, l'armée U.S. au campement.

Rapidement, les positions américaines furent débordées et les troupes s'enfuirent en désordre.  Saint-Clair eut trois chevaux tués sous lui tandis qu'il tentait de rassembler ses troupes.  Nombre d'hommes cherchèrent refuge sous les chariots ou dans les bois environnants; d'autres firent preuve de la plus extrême lâcheté.

 

Trois heures durant, Saint-Clair tenta de riposter à l'attaque mais en vain.  Les miliciens prirent la fuite dès le début de l'attaque.  Les militaires professionnels, trop peu nombreux, tentèrent une contre-attaque à la baïonnette mais celle-ci échoua.  Totalement débordé, Saint-Clair fut contraint d'ordonner une retraite qui prit rapidement des allures de déroute.

 

Dans le massacre qui s'ensuivit, Saint-Clair subit la plus sévère défaite de toute l'histoire militaire américaine et y perdit son second en grade, Richard Butler, atteint aux deux jambes et achevé d'un coup de tomahawk à la tête.

 

Au final, les pertes U.S. furent les plus graves jamais subies : 632 tués (69% de l'effectif engagé), et 264 blessés (soit 97.4 % de l'effectif engagé, blessés compris).  Seulement 24 combattants américains s'en sortirent indemnes.  La plupart des civils perdirent le vie dans l'engagement.

Les Indiens ne perdirent environ que 80 à 100 hommes, dont 35 à 67 tués selon les sources.

 

Le reste des forces U.S. reflua rapidement vers Fort Jefferson après avoir essuyé des pertes plus de trois fois supérieures à la pourtant bien plus célèbre bataille de la Little Big Horn.

 

 

La bataille d'Horseshoe Bend

27 mars 1814

Le chef indien Tecumseh naquit vers 1768 dans une tribu Shawnee, dans la région de l'actuelle Springfied (Ohio).

A la mort de son père, sa mère, d'origine Creek, choisit de rejoindre sa propre tribu.

Devenu adulte, le chef Tecumseh conduisit sa tribu dans la Northwest indian war, entre 1790 et 1795, mais fut vaincu par le général Wayne à la bataille de Fallen Timbers (20 août 1794).  Il refusa néanmoins de signer le traité de Greenville qui autorisait la vente de terres indiennes aux Blancs.

 

Lors du déclenchement de la guerre des Creeks, en 1811, il tenta de former une fédération des tribus indiennes, du Canada à la Floride, afin de résister à l'avance des "Blancs".  Il échoua toutefois, les différences ou les haines des diverses tribus étant trop fortes.  La défaite de Tippecanoe, en novembre 1811, détruisit ses derniers espoirs en la matière.  Il parvint néanmoins à réunir 3.000 guerriers, appartenant à 32 tribus, et les mena au Canada où il fit alliance avec les Britanniques.

 

En 1812, une nouvelle guerre éclata entre les Etats-Unis et la Grande-Bretagne.  Tecumseh reçut le grade de général dans l'armée anglaise.  Par ailleurs, des agents anglais furent envoyés en territoire Creek pour provoquer de l'agitation au sein de tribus déjà largement hostiles aux Américains du fait d'engagements non respectés.

Dès 1812, Tecumseh lança de meurtriers raids contre des exploitations agricoles isolées.  En août 1813, Fort Mims, un petit poste situé au nord de Mobile, fut conquis et ses 300 occupants massacrés.

 

Ayant appris la nouvelle du massacre, le général Andrew Jackson, futur président U.S., leva une milice de 2.000 hommes au Tennessee.  Ces derniers furent renforcés par 700 soldats professionnels et 600 Indiens Cherokee ralliés aux Américains.

 Le choc décisif entre cette force de 3.300 combattants et une troupe de 1.000 guerriers Creeks eut lieu le 27 mars 1814 à Horseshoe Bend, une péninsule de la rivière Tallapoosa (Alabama).

 

La bataille 

Les Creeks s'étaient retranchés avec détermination, ayant construit une barricade en troncs de sapins qui barrait l'accès à la courbe. Bien que Jackson ait disposé ses troupes avec maîtrise, la bataille s'avéra difficile à engager.  Les Creeks s'étaient terrés dans le sol et les deux canons de Jackson furent impuissants contre leurs bastions.

 

Il ne resta plus qu'à prendre la barrière des Creeks d'assaut.

Un commandant bondit sur les troncs et fut tué.  L'homme qui le suivit était l'enseigne Sam Houston, futur président du Texas et vainqueur de Santa Anna à San Jacinto.  Brandissant son sabre, Houston grimpa sur la fortification et hurla à ses hommes de le suivre avant de sauter au milieu des Indiens.

Ces derniers se jettèrent sur lui en masse et Houston engagea une furieuse bataille au sabre, recevant au passage une flèche dans la cuisse.  Houston réussit toutefois à contenir les Indiens jusqu'à l'arrivée de ses hommes.

 Les Américains pénétrèrent en force dans le retranchement tandis que Jackson faisait transporter Houston à l'arrière.  Mais dès qu'il eut été pansé, Houston rejoignit ses troupes. La bataille resta indécise.  Les sorciers indiens avaient prédit aux Creeks que le Grand Esprit leur assurerait la victoire finale et ils refusèrent de se rendre.

 

La lutte se transforma en une succession de corps à corps, à coups de sabres et de haches de guerre.  Rapidement, des centaines de corps vinrent joncher le sol. Les Creeks finirent par se rabattre vers un ravin barricadé de troncs d'arbres d'entre lesquels ils tirèrent, comme par des meurtrières, contre les Américains impuissants à les déloger.

Jackson demanda des volontaires pour prendre la position d'assaut mais personne ne bougea.

 Les capitaines ne se décidant pas à devenir des héros, Houston, ignorant tout respect hiérarchique, s’élancèrent vers la position des Indiens en ordonnant à ses hommes de le suivre.

Parvenu à 5 mètres du retranchement, il fut touché d'une balle à l'épaule et perdit son mousquet.  Se retournant pour encourager ses hommes, il fut atteint une autre fois. 

Effrayés, les soldats U.S. se mirent à ramper vers l'arrière.  Dépité, Houston ne put que suivre leur exemple, échappant miraculeusement à une concentration de tirs. Il fallut finalement une inspiration du général Jackson pour mettre un terme à l'affrontement.  Il fit tirer des flèches enflammées sur les retranchements.  Les troncs d'arbres brûlants enfumèrent les Indiens, et l'insurrection des Creek fut terminée.

 Les Creek avaient perdu 800 des leurs (sur un effectif initial de 1.000 !), les Américains et leurs alliés 203 hommes, dont 49 tués.

 

La puissance des Creek fut brisée par la bataille de Horseshoe Bend.

Ces derniers furent contraints de céder leurs riches territoires et déplacés vers l'Ouest.

Leurs terres furent rapidement ouvertes aux colons dans ce qui deviendrait les états de Géorgie et d'Alabama.  L'aisée culture du coton y favorisa l'expansion de l'esclavage et, à terme, des Etats confédérés d'Amérique.

La réputation du général Jackson atteignit des sommets.  Sans autorisation, il franchit la frontière de la Floride et s'empara d'un fort espagnol à Pensacola (novembre 1814).  Peu après, il acquit une renommée nationale en vainquant l'adversaire anglais à la Nouvelle-Orléans (janvier 1815). 

 

Tecumseh continua le combat.  Il perdit la vie à la bataille de la rivière Thames, le 5 octobre 1813, dans la région du Lac Érié, battu par le général U.S. Harrison.  Il choisit de faire face à l’ennemi alors que ses alliés anglais préférèrent battre en retraite.  Son corps ne fut jamais retrouvé et les circonstances exactes de sa mort furent toujours maintenues secrètes par son peuple.

 

Sam Houston fut retrouvé, à peine vivant, parmi les cadavres jonchant le ravin.  Un médecin refusa de faire des sondages pour retrouver les balles, estimant que le patient ne passerait pas la nuit.

Houston resta étendu sans soin la nuit entière.  Au matin, étant toujours vivant, il fut transféré à Fort Williams, à 110 kilomètres de là, et resta au fort plusieurs semaines sans traitement, se refusant à mourir.

Houston, contre toute attente, parvint à survivre.  Il partit vivre chez les Cherokee et tourna le dos à la civilisation.  Les Indiens étant honteusement dupés dans leurs rapports avec les U.S.A., Houston conçut le rêve d'un Empire indien unissant les Cherokee, les Choctaw, les Osage et les Creek en une puissante nation indépendante.  Il recueillit les revendications des tribus et fut envoyé à Washington comme ambassadeur officiel de la nation indienne.  Il fut reçut chaleureusement par son ami, le président Jackson, mais scandalisa le Congrès en s'y présentant vêtu en Indien.  Malgré l'avis favorable du président, les projets visant à améliorer le sort des Indiens  se heurtèrent à une très forte opposition politique.  Dégoûté par la politique, Houston retourna chez les Cherokee quelques années durant.

 

Le ravin de l'Ange Blanc

Septembre 1837

Apaches et Mexicains, en cette année 1837, l'état américain actuel du Nouveau-Mexique constituait un territoire mexicain sur lequel vivaient de nombreuses tribus apaches.  Dans ce territoire isolé, les grandes villes mexicaines étaient des plus éloignées et même le siège du gouvernement local, la cité de Santa Fe, semblait inaccessible.

Toutefois, bien que vivant en plein territoire apache, les habitants du village de Santa Rita del Cobre, créé en 1822 sur un territoire regorgeant de cuivre, n'avaient jamais eu à se plaindre des Indiens.  Cette situation, quasi unique dans l'histoire de l'Ouest, résultait d'un accord conclu entre le chef Juan José et un riche propriétaire espagnol, Don Francisco Manuel Elguea.  L'Indien avait accordé à l'Espagnol l'autorisation de créer des mines de cuivre pour autant que les exploitants ne s'éloignent guère du village de Santa Rita et se déplacent le long de pistes bien déterminées.  Quinze années durant, l'accord fut respecté, à la grande colère de certains Indiens qui considéraient l'implantation de Santa Rita sur un territoire jugé sacré comme un affront majeur.  Le chef de ces jeunes loups était nommé Mangas Coloradas car il exhibait généralement une chemise en laine rouge qu'il avait arrachée, en même temps que son scalp, à un infortuné colon.

Mangas Coloradas trouva un appui auprès d'un autre chef, Cuchillo Negro (Couteau noir), mais décida que la parole du vieux chef Juan José devait être respectée jusqu'à la mort de celui-ci.

 

En 1837, les Mexicains, déplorant de nombreux raids des Apaches, rendirent le meutre d'un Indien légal.  Pis encore, une prime fut offerte pour chaque scalp (100 dollars pour un guerrier, 50 dollars pour une squaw, 25 dollar pour un enfant).  La nation apache réagit avec fureur et la guerre s'étendit comme un feu de prairie fouetté par le vent.

 

A Santa Rita toutefois, la paix se prolongea car Juan José refusa de croire que ses amis de longue date pouvaient céder à la cupidité et qu'une prime spéciale, de 500 dollars, était offerte pour son propre scalp.

Quelques semaines plus tard, Juan José, accompagné de 6 guerriers et de plus de 100 femmes et enfants, gagna Santa Rita pour célébrer une fête indienne traditionnelle.  Les habitants de la localité amenèrent, sur une prairie voisine, divers présents destinés aux Indiens (grains, tissus, bibelots divers,...).  Après que les villageois se soient éloignés et les Indiens approchés des colis, un canon, soigneusement dissimulé, cracha la mort.  Le coup déchira la foule de femmes et d'enfants, provoquant la mort de 27 d'entre-eux (rapidement scalpés) tandis que les survivants s'enfuyaient, saisis de terreur.  Juan José, qui s'était tenu à quelque distance de la cérémonie, fut lui-même abattu d'une balle dans la tête.

 

 

L’isolement

La nouvelle du massacre arriva très rapidement à mangas Coloradas mais ce dernier se garda de réagir impulsivement.  Tout au contraire, il s'autorisa le temps nécessaire pour coaliser diverses tribus apaches et organisa un véritable blocus de Santa Rita.  Les convois de ravitaillement furent systématiquement attaqués.  Une sentinelle, postée sur le sommet de l'Aiguille qui surplombait le village, tenta longtemps, en vain, de repérer l'arrivée d'un ravitaillement depuis Chihuahua, au sud.  En proie à une terreur de plus en plus intense, les habitants ignoraient que le maïs et les haricots qui leur étaient destinés nourrissaient alors les Apaches; quant aux convoyeurs et militaires d'escorte, ils avaient péri sous les flèches ou, pire, avaient été capturés et pendus au-dessus d'un feu...  Santa Rita avait une dette de sang à payer et l'échéance était proche...

 

Evacuation

Le moment survint où il fallut se résigner à tenter l'évacuation, sous peine de mourir de faim.  Cette nuit là, Mangas Coloradas fut mis au courant du projet des Blancs d'une manière qui ne fut jamais élucidée.Le lendemain, bien avant l'aube, les 350 villageois se mirent en marche, suivis de toutes les bêtes de trait disponibles.  Les soldats mexicains de la petite garnison se séparèrent en deux groupes afin de protéger l'avant et l'arrière de la colonne.  Au centre marchaient les padres, portant une croix et chantant des litanies.  Le commandant militaire, porteur du drapeau à l'aigle et au serpent du Mexique, prit la tête du cortège.

 Le premier jour d'exode se passa sans incident.  Le deuxième, du fait d'une forte chaleur, s'avéra nettement plus pénible.  Le troisième jour, vers 15h00, la colonne pénètra dans un ravin, long du 13 kilomètres et aux flancs parsemés de rochers et d'arbres moribonds sous ce climat désertique.  Il s'agissait du ravin de l'Ange Blanc. Soudainement, l'attaque redoutée se déclencha.  Pris pour cibles à partir des flancs du ravin, les villageois s'écroulèrent sous les flèches.  Les soldats de l'escorte, à découvert et ayant à faire à un ennemi invisible, furent impuissants à réagir.  Le salut sembla être dans la fuite. Abandonnant morts et blessés, le convoi s'engagea plus avant dans le ravin pour échapper aux Indiens.  Hélas, une seconde embuscade se produisit trois kilomètres plus loin, puis une troisième. Des 350 habitants qui avaient quitté Santa Rita, 4 seulement parvinrent au plus proche village au sud, Janos.

 

 

Les lendemains de Santa Rita

Santa Rita demeura abandonnée près de vingt ans après le massacre.  A la veille de la guerre de sécession, le territoire, passé sous le contrôle américain, fut partiellement réoccupé et l'exploitation des mines repris.  Quelques habitants réoccupèrent l'endroit mais, au bout de quelques décennies, l'endroit fut à nouveau abandonné, entre 1870 et 1900.  Aujourd'hui, la mort règne en maître à Santa Rita mais l'exploitation du cuivre s'effectue toujours, suivant des méthodes modernes, à proximité immédiate.  Localité morte, Santa Rita s'est vue dotée d'une nouvelle église où ne vient jamais aucun paroissien.  Un prêtre vient toujours y célébrer la messe, une fois l'an.

 

La bataille dOkeechobee

21 décembre 1837

Les guerres séminoles

Branche de la tribu des Creeks, les Séminoles sont une importante tribu indienne originaire de la région de la rivière Chattahochee.  Dans les années 1760, ils s'établirent en Floride, sur l'ancien territoire des Indiens Appalaches massacrés vers 1700. Une première guerre séminole éclata en 1817-1818, sur un territoire de Floride encore espagnol.  Provoquée par les U.S.A., qui cherchaient à récupérer des esclaves en fuite réfugiés chez les Indiens, elle aboutit à la cession de la Floride par l'Espagne aux Etats-Unis.

 En 1832, puis en 1835, le gouvernement U.S. chercha à contraindre les Séminoles à quitter leur réserve de Floride (où les U.S.A. les avaient forcés à s'établir 15 ans plus tôt)  en vue de les établir en Oklahoma.  Le grief principal des Américains à l'égard des Séminoles était l'habitude qu'avaient ceux-ci d'acceuillir les Noirs échappés des plantations du Sud et de combattre les Blancs envoyés à leur poursuite Le chef Osceola refusa tout nouvel exil.  En 1835, il prit les armes afin de défendre son territoire.  Ce fut le début de la seconde guerre séminole.

 

Une guerre de coups de mains et de guérilla

Très inférieurs en nombre, les Séminoles décidèrent d'éviter les batailles rangées et ouvrirent les hostilités par la destruction de plantations et de maisons isolées.  La première bataille de la guerre fut livrée le 18 décembre 1835, à Black Point, où les Séminoles surprirent un convoi d'approvisionnement U.S. et tuèrent 6 Américains tandis que 8 autres étaient blessés. Le 31 décembre, les U.S.A. ripostèrent en lançant une offensive contre les villages séminoles établis le long de la rivière Withlacoochee. 

Mal organisé, l'assaut vira au désastre.  A la recherche de villages indiens, les soldats réguliers U.S. traversèrent la rivière à l'aide d'un unique canoë et se coupèrent des miliciens.  Dissimulées dans les bois, les forces d'Osceola attaquèrent lorsque les Américains firent halte dans une clairière sans poster de sentinelles. Les miliciens, paniqués, ne vinrent pas au secours des militaires en difficulté. La bataille de Withlacoochee fut terminée en 75 minutes, coûtant 4 morts et 59 blessés aux Blancs contre 3 tués et 5 blessés chez les Séminoles.Les Américains venaient de connaître leur baptême du feu sur un terrain marécageux, parsemé de lacs et d'une dense végétation...

En 1837, les U.S.A., enlisés dans le conflit, tentèrent d'y mettre traîtreusement un terme. Le commandant U.S. de la région, le général Jesup, convoqua Osceola pour négocier.  Dès son arrivée, le chef indien fut emprisonné; il mourut en prison, de maladie, l'année suivante. Loin de servir l'intérêt U.S., cette trahison stimula la résistance.

 

La bataille d'Okeechobee

 En décembre 1837, désireux de porter le coup de grâce, le colonel U.S. Zachary Taylor, à la tête de 1.032 hommes, prit l'offensive en direction du lac Okeechobee. Le 21 du mois, les Américains investirent un campement indien abandonné.  A proximité, ils firent un prisonnier et le forçèrent à dévoiler la position de ses camarades. Au nombre très limité de 400 à 500, les Séminoles avaient astucieusement choisi leur position défensive. Ils s'étaient placés sur un terrain partiellement boisé, bordé d'un marais d'un côté et du lac Okeech de l'autre. Ayant taillé les hautes herbes, ils s'étaient dégagés une ligne de tir.

 

Sûr de sa supériorité numérique et de l'armement plus moderne de ses troupes, Taylor opta pour une attaque frontale au travers des marais.

Les assaillants furent aussitôt pris sous le feu nourri des défenseurs et cloués sur place. Taylor décida de l'envoi d'une troupe de renfort contre le flanc droit des Indiens.  Après une farouche résistance, les Séminoles se replièrent et disparurent dans les bois.

 

La grande bataille de la seconde guerre séminole dura deux heures et demie et coûta aux Indiens 11 tués et 14 blessés.

Les Américains y perdirent 26 morts (dont 2 colonels) et 112 blessés. Bien qu'étant incontestablement une défaite, marquée par une stratégie douteuse et un résultat des plus défavorables, l'affrontement d'Okeechobee frappa l'opinion publique américaine qui fit de Taylor un véritable héros.

Champ de bataille d'Okeechobee

 

Le combat d'Arizpe

30 septembre 1859

Apaches et Mexicains

A la fin des années 1850, les bandes nomades apaches se déplaçaient en permanence au travers d'un vaste territoire couvrant le nord-est du Mexique actuel, aussi bien que les états américains actuels du Texas et du Nouveau-Mexique. A cette époque, les Apaches étaient en paix avec les Mexicains mais une grande méfiance réciproque subsistait.  Des échanges commerciaux avaient toutefois lieu et ce fut à la suite de l'un de ceux-ci que survint un grand massacre.

 

Le massacre de Kashiyeh

Durant l'été de 1858, un groupe d'Apaches de la branche des Bedonhoke s'était rendu jusqu'à la ville mexicaine d'Arizpe afin d'y effectuer des échanges.  Puisqu'il s'agissait d'une période de paix, de nombreuses squaws, enfants et vieillards s'étaient joints à la colonne.  Ces personnes avaient été laissées au camp établi dans la vallée de Kashiyeh, à une demi journée de marche au nord d'Arizpe tandis que les guerriers s'étaient rendus à leurs affaires. Parmi les guerriers, il s'en trouvait un du nom de Goyathlay (celui qui baîlle) qui, lui même, avait laissé au camp son épouse, Alope, ses trois enfants et sa mère.

 Sur le chemin du retour, les guerriers croisèrent une colonne de cavaliers mexicains qui revenaient du Nord.  Méfiants, les Indiens se dissimulèrent dans la végétation afin de laisser passer les militaires, puis ils reprirent leur avance en direction du campement aux abords duquel ils parvinrent à la nuit tombante. L'un des éclaireurs revint alors et signala au chef, Mangas Coloradas, qu'aucun feu ne brûlait dans le camp.  Les Indiens durent patienter plusieurs heures avant d'aller se rendre compte de la situation, de crainte de tomber dans un piège.  Lorsqu'à la faveur de la nuit ils s'approchèrent enfin, ce fut pour décourvrir que toutes les tentes avaient été abattues et leur contenu répandu sur le sol. Les morts étaient partout et Goyathlay lui-même ne tarda pas à découvrir le corps de sa mère dans les restes de sa tente.  Le corps de son épouse Alope gisait en bordure d'un bois aux côtés de ses deux jeunes fils.  Le garçon le plus âgé était mort lui aussi, un peu plus loin avec la face tournée vers sa mère.  Goyathlay n'eut aucun mal à imaginer les événements : Alope aurait pu atteindre le bois si elle avait été seule mais elle avait voulu sauver les deux jeunes garçons; son fils aîné avait pu atteindre le bois mais il avait vu sa mère tomber et était revenu à son secours...

Au total, 60 Indiens désarmés avaient été massacrés, dont 5 proches de Goyathlay. De rares survivants finirent par être découverts, terrifiés, dans les bois environnants.  Ce fut ainsi que les Indiens apprirent que les Mexicains étaient à l'origine du massacre et que le profit était à l'origine de ce déchaînement de violences : les Mexicains payaient cent dollars d'or pour le scalp d'un guerrier, 50 dollars pour celui d'une femme et 25 pour celui d'un enfant. Les Indiens s'occupèrent des funérailles de ceux qu'ils avaient perdu puis s'éloignèrent vers le Nord.  La vengeance était en marche.

 

La coalition des tribus

Après s'être assuré de mettre à l'abri les femmes et enfants qui avaient échappé au massacre, Mangas Coloradas décida de se mettre à la recherche d'alliés. Comme Goyathlay était le fils de Maco, un ancien chef des Nednis, il fut envoyé vers ceux-ci afin d'y réclamer de l'aide.  Lorsque Goyathlay quitta Whoa, chef en titre des Nednis, ce fut avec la promesse de cent guerriers qui constituaient toute la force combattante de la tribu. Goyathlay se dirigea alors vers l'Ouest, en direction du territoire des Chokonen, où il parvint au bout de six jours et s'aperçut que les guerriers se préparaient pour la guerre.  Le chef Cochise avait entendu parler du massacre de Kashiyeh et fournit l'appui de 125 guerriers supplémentaires.

Lorsque les chefs des Nednis et des Chokonen parvinrent au village des Bedonhoke, les Indiens disposaient de plus de 300 combattants.  Les chefs se réunirent afin de choisir un endroit éloigné où ils enverraient les femmes et les enfants en sûreté, sous la garde des hommes les plus vieux et de quelques guerriers spécialement sélectionnés. Quand le soleil se leva, les femmes et les enfants se mirent en marche vers le refuge choisi, escortés par leurs gardiens.

Les guerriers prirent la piste du Mexique avec un équipement rudimentaire.  Leur tête était enroulée d'un bandeau sacré en peau de daim censé les protéger lors de la bataille.  Chaque brave ne portait qu'un pagne, des mocassins et une lanière de cuir liée autour de la taille; celle-ci était destinée à être resserrée autour de l'estomac si d'aventure la nourriture venait à manquer.  Quelques hommes, parmi les plus riches, étaient armés de fusils à silex.  Tous les autres étaient équipés d'arcs, de flèches, de couteaux et de massues de guerre.

 

Arizpe

Après deux semaines de marche, les Indiens parvinrent en vue d'Arizpe, le 30 septembre 1859.  Rapidement, huit cavaliers mexicains, dont l'un porteur d'un drapeau blanc, sortirent de la ville pour venir à leur rencontre mais les huit militaires furent reçus par une volée de flèches.

Une compagnie d'infanterie mexicaine, suivie de deux chariots de munitions, quitta dès lors la ville  pour se diriger vers la concentration d'Apaches.  Ceux-ci se dispersèrent rapidement dans les collines et l'officier mexicain eut brièvement l'impression que l'ennemi s'enfuyait et qu'il était à sa poursuite.  Soudain, une flèche l'étendit raide mort et de nombreux Mexicains tombèrent sous les traits tirés des buissons environnants.  Affolés, les Mexicains battirent rapidement en retraite.  Goyathlay abattit lui-même les deux soldats postés sur un chariot à munitions et s'empara de ce dernier avant de le ramener vers les chefs.  Comme d'autres guerriers l'avaient imité, ce furent deux chariots bourrés de fusils, de munitions et de vivres qui tombèrent aux mains des Indiens tandis que les Mexicains survivants refluaient vers la protection de la cité.

 Le lendemain matin, les portes d'Arizpe s'ouvrirent et deux compagnies d'infanterie ainsi que deux compagnies de cavalerie s'élançèrent vers les Indiens.  Il s'agissait là de l'ensemble de la force militaire de la ville qui effectuait une sortie et l'homme qui commandait la cavalerie était l'un de ceux que Goyathlay avait vu revenir du massacre de Kashiyeh. Les trois chefs apaches appelèrent Goyathlay et lui annonçèrent en substance : "Ces cavaliers sont ceux qui ont commis le massacre de Kashiyeh et tu es l'un de ceux qui a perdu le plus des siens.  Ton père a été chef des Nednis et un sang noble coule dans tes veines.  Tu as prouvé ton courage hier en t'emparant des chariots.  Tu seras celui qui commandera les guerriers dans cette bataille."

Goyathlay resta un instant pétrifié par l'émotion, puis donna ses ordres.  Il fit dissimuler 30 tireurs aux fusils et 30 excellents archers dans un bois proche de la piste sur laquelle s'étaient engagés les Mexicains.  Ensuite, il plaça le reste de ses forces aux abords d'un torrent, à 200 mètres dans la direction opposée.  La berge du torrent formait un retranchement naturel vers lequel il espérait que les Mexicains se dirigeraient une fois pris sous le feu des tireurs indiens.

En peu de temps, les Indiens disparurent totalement du paysage.  Lorsque les Mexicains firent leur apparition, tout un flanc de la colonne se trouva exposé aux tireurs et archers apaches.  L'officier mexicain donna immédiatement l'ordre prévu : la retraite vers le torrent... Les soldats reculèrent en bon ordre en tirant contre le petit bois afin de couvrir leur mouvement qui les amenait, à leur insu, à portée de la principale force indienne dissimulée dans le lit du torrent. Lorsque les Mexicains parvinrent à quelques mètres, les Indiens surgirent et engagèrent le corps-à-corps.  Les chevaux de cavalerie, parfaitement entraînés en vue d'une bataille traditionnelle, paniquèrent et leurs cavaliers ne purent faire aucun usage de leur longue lance.  Les fantassins disposaient du long fusil de l'époque, pâle copie du fusil anglais Brown Bess déjà en usage avant les guerres napoléoniennes, qui ne valait pas grande chose en combat rapproché.  Lorsque plusieurs fantassins tentèrent de s'éloigner afin de recharger, ils furent abattus par les tireurs d'élite de Goyathlay qui suivaient de loin la retraite mexicaine.

Complètement paniqués, les Mexicains commençèrent à déserter sans se rendre compte que les Apaches étaient deux fois moins nombreuses qu'eux.  Le corpulent commandant mexicain tenta de rassembler quelques dizaines d'hommes dans une boucle du torrent.  Goyathlay bondit sur l'officier et eut tôt fait de lui trancher la gorge.  La mort du chef des Mexicains acheva leur débâcle et, au bout de deux heures, il ne resta plus un seul soldat mexicain debout sur le champ de bataille.  Les tireurs et les archers de Goyathlay massacrèrent les fuyards.

 

 

 

Géronimo, un grand chef

A l'issue de la bataille, les guerriers proclamèrent Goyathlay Grand-Chef de Guerre pour les tribus Nedni, Bedonhoke et Chokonen, les trois groupes ethniques formant la branche Chirikahua des Apaches. Dans l'avenir, ce fier guerrier allait résister à de nombreuses troupes mexicaines ainsi qu'à 5.000 soldats américains.  Il deviendra l'un des derniers chefs de la résistance indienne.

 

Ce ne fut toutefois pas sous son nom que Goyathlay entra dans l'histoire, mais bien sous celui de Geronimo.  Plusieurs versions existent quant à l'adoption de ce nom.  La plus répandue suggère que le 30 septembre, jour de la bataille d'Arizpe, était celui de la Saint-Jérôme.  Pris de terreur, de nombreux Mexicains implorèrent le Saint afin de s'attirer sa protection : "Santo Geronimo".  Le nom aurait plu à Goyathlay qui l'aurait fait sien. Une autre version suggère que les Mexicains attribuèrent des pouvoirs surnaturels à Goyathlay et, par superstition, refusèrent de prononcer son nom.  Il lui en donna un autre, signifiant "celui qui porte un nom sacré" : Géronimo.

 

Quoi qu'il en soit, la vengeance de Géronimo ne s'arrêta pas à l'extermination de ceux qui avaient massacré sa famille.Jamais sa haine et sa peur des blancs ne se démentira ! Combattant les Mexicains jusqu'aux années 1870, il répondra toujours par la ruse ou la fuite.  Lorsque les Américains prendront la décision de transférer les Apaches dans des réserves, Géronimo sera de toutes les luttes. 

 

Traqué sans relâche, il finira par se rendre au Général Crook, au Canyon de Los Embudos, à la suite d'une négociation qui dura trois jours.  Puis, trop confiant dans la suite des évènements, Crook partit en tête, laissant à ses officiers le soin de conduire la petite bande vers la réserve.  A l'étape, le soir, Geronimo avait de nouveau faussé compagnie aux soldats !  George Crook fut remplacé à sa propre demande.  Le général Nelson Miles reprit la traque lancinante et, quelques mois plus tard, ce fut terminé : les derniers Apaches, Geronimo à leur tête, se rendirent, le 3 septembre 1886, sur la frontière de l'Arizona et du Nouveau Mexique, à quelques kilomètres seulement de Los Embudos, au lieu-dit Skeleton Canyon.  Quelques Apaches, ayant choisi le Mexique et la liberté, furent massacrés à la frontière par les soldats mexicains. On avait lancé 5000 hommes pour traquer 36 Apaches et les Américains ne l’auraient jamais capturé s’ils n’avaient pas utilisé des éclaireurs Apaches qui, trahissant la cause de leurs propres frères, mirent leur talent au service de l’Armée américaine.

Geronimo fut pris par traîtrise. On le convoqua à une réunion, soit disant pour discuter d’un nouveau traité. En réalité, on venait l’arrêter. Il fut considéré comme un prisonnier de guerre et on le trompa sur l’endroit où on allait le conduire. Par fatigue peut-être, il accepta au lieu de s’enfuir. Il fut emmené avec les siens dans une réserve en Floride.  Les Apaches, qui n'étaient pas habitués à ces nouvelles conditions climatiques, moururent en nombre, au point qu'on les transfèra dans une autre réserve.
Malgré ses demandes réitérées, Geronimo ne revit jamais son pays : on le considéra trop dangereux pour lui rendre sa liberté.  Il mourut d'une pneumonie le 17 février 1909, après avoir passé la nuit à la belle étoile, trop ivre pour rentrer chez lui.  Ces derniers mots furent "J'attends que les choses changent". Sa tombe est toujours visible à Fort Sill (Oklahoma), à l'endroit de sa captivité.

Le Fetterman fight

 

18 décembre 1866

La construction de forts en territoire indien

A la suite du massacre de Sand Creek, le grand déclenchement des hostilités américano-indiennes se produisit en 1866 lorsque le général Henry Carrington commença à faire construire une série de forts sur les territoires des Sioux et des Cheyennes, en violation totale du Traité Harney-Sanborn signé par le gouvernement U.S. en 1865.  Devant la menace d'une occupation militaire de leurs territoires, plusieurs tribus indiennes se coalisèrent sous l'autorité du Chef Red Cloud (Nuage Rouge).
Parti de Fort Laramie en mai 1866, Carrington, à la tête de 700 hommes, marcha vers le Wyoming afin d'établir un nouveau fort à Kearny.  Dès le début des travaux, les Sioux ne cessèrent d'épier les hommes de Carrington.  Les patrouilles furent attaquées et les hommes isolés furent scalpés et mutilés.  La construction de Fort Kearny fut toutefois terminée en décembre 1866.

 

La construction s'était effectuée au prix de 150 soldats U.S. tués et de presqu'autant de blessés.  Les Indiens s'étaient également emparés de 700 chevaux et bêtes à cornes.  Pas un jour ne se passa sans qu'une alerte se déclenche.  Le désastreux engagement entre Fetterman, ses soldats et les Sioux se situa dans ce contexte.

 

Vantard convaincu de la supériorité raciale des Anglo-Saxons sur tous les autres peuples de la terre, le capitaine William Fetterman affirma à de nombreuses reprises pouvoir, avec 80 hommes, marcher au pas de parade à travers le camp de l'armée des Sioux.  Le 18 décembre 1866, un train de chariots ramenant du bois des forêts jouxtant Fort Kearny fut attaqué par les Indiens; Carrington donna à Fetterman l'occasion de prouver ses dires, en l'envoyant avec 81 hommes au secours du détachement de bûcherons.

Fetterman avait reçu de Carrington l'ordre de repousser les Indiens mais de ne pas se porter au-delà d'une crête nommée Lodge Trail Ridge.  Fidèle à ses habitudes, Fetterman désobéit à Carrington et poursuivit les Indiens au galop au-delà de la ligne prescrite et hors de la vue du fort.  Les Indiens se laissèrent poursuivre et l'arrogant militaire fit tomber ses hommes dans l'embuscade.

Sur le versant opposé de Lodge Trail Ridge se trouvait Red Cloud et le gros de ses forces.  Au signal convenu, un millier de Sioux se ruèrent sur les 81 hommes de Fetterman qui furent contraints de se retrancher sur une colline.
A cet endroit, qui sera par la suite baptisé "Massacre Hill", les hommes de Fetterman, armés de lents Springfield à un coup, furent abattus les uns après les autres.  Le combat pris fin en une demi-heure.
L'armée appela ce combat "Fetterman Massacre", les Indiens le nommèrent "Battle of a Hundred Slain".
Ce fut l'une des pires défaites de l'armée, à l'Ouest, et l'un des deux seuls combats livrés où il n'y eut aucun survivant.

 

Massacre Hill , lieu du dernier combat de Fetterman

 

Les expéditions de secours

Pour venir en aide à la troupe de Fetterman, Carrington envoya la quasi totalité de sa garnison à la rescousse, armant même les prisonniers, les cuisiniers et les civils.  Lorsque les soldats revinrent au fort, dans l'après-midi, ils ramenèrent les cadavres de 49 des hommes de Fetterman, récupérés dans la neige.  Ils n'avaient pas trouvé les 32 autres.  Les corps étaient hérissés de flèches, scalpés; certains étaient décapités et avaient subi d'effroyables tortures.
Le lendemain, le général Carrington partit en personne à la tête d'une seconde expédition de secours.  Arrivé sur les lieux du combat, il ne trouva que des cadavres scalpés et mutilés.  L'un des officiers avait 120 flèches dans le corps.

La stupidité de Fetterman avait coûté à Carrington la moitié de la garnison de Fort Kearny.  Comme Red Cloud connaissait également l'effectif du fort et ne tarderait pas à attaquer en force, il fut décidé d'aller réclamer des renforts à Fort Laramie.
Un volontaire civil se présenta, du nom de John "Portugee" Phillips.  Après trois jours et trois nuits, au terme de l'une des chevauchées les plus spectaculaires de l'histoire du Far West, Phillips franchit 380 kilomètres à cheval à travers un terrible blizzard et franchissant les lignes de l'une des plus importantes forces indiennes qui aient jamais été rassemblées dans l'Ouest.  Quelques heures après son arrivée, une partie de l'infanterie de Fort Laramie se porta au secours du Fort Kearny.

 

Le Massacre de fetterman fit comprendre aux Blancs la nécessité d'élever un fort intermédiaire entre Fort Kearny et Fort Laramie, ce que le général Carrington avait réclamé à de multiples reprises avant l'engagement fatal.  Dans une logique bien militaire, le nouveau fort fut appelé Fort fetterman, en l'honneur de l'impétueux capitaine.
La nouvelle du Massacre de Fetterman souleva une vague de critique contre l'armée.  Fetterman étant mort, le général Carrington, le seul qui ait pensé intelligemment dans l'affaire, fut choisi comme bouc émissaire par les politiciens de Washington et relevé de son commandement.

 

 

Le combat de Piney Island (Wagon Box Fight)

Le 2 août 1867

Au début du mois d'août 1867, Red Cloud, chef de la force coalisée des Sioux et Cheyennes, se décida à marcher sur Fort Kearny dont la garnison avait été réduite de moitié suite aux pertes U.S. subies lors du Fetterman Massacre. Pour ce faire, il constitua une force combattante comptant de 2.000 à 3.000 guerriers. Leurs préparatifs achevés, les Indiens se mirent en route en direction du fort. 

 

Le 2 août 1867, les Indiens parvinrent en vue de Piney Island (l'île aux Pins) où se trouvait un groupe de 32 soldats commandés par le capitaine James Powell.  Les militaires avaient ordre de veiller à la protection d'ouvriers-bucherons occupés à scier du bois d'oeuvre.

A la vue des Indiens, Powell fit enlever les roues des chariots destinés au transport du bois et les fit placer de manière à constituer un petit fortin de forme ovale.

 Peu avant 8h00 du matin, les Indiens attaquèrent le camp de travail, abandonné, et le brûlèrent.

Retranchés derrière les chariots, les Blancs s'organisèrent en vue de soutenir l'assaut massif.  Powell confia plusieurs fusils chargés aux meilleurs tireurs du groupe.  Ainsi, la plus fine gachette disposa, à un moment, de 8 fusils prêts au tir à ses côtés; un tireur médiocre eut pour tâche de maintenir les armes chargées.

 

Vers 8h00, Red Cloud, placé sur une colline voisine en compagnie d'autres chefs, lança ses cavaliers à l'assaut du fortin.

Alors que les assaillants n'étaient plus qu'à une quinzaine de mètres des chariots, le fortin cracha la mitraille.  La rapidité du tir stoppa net l'assaut indien et les survivants regagnèrent rapidement leurs positions.  L'assaut avait fait deux victimes parmi les défenseurs.

 Un second assaut, pédestre cette fois, fut effectué.  Les Indiens rampèrent dans les hautes herbes et arrosèrent le fortin pendant de longues minutes.  Persuadés d'avoir abattu le plupart des assiégés, les Indiens se ruèrent à l'attaque mais, à nouveau, ils essuyèrent des tirs soutenus qui leur infligèrent de fortes pertes et les empêchèrent de s'approcher à moins de quelques mètres du fortin.

 

Vers 12h00, un troisième assaut fut lancé et échoua également au pied des chariots.  Un autre assaut massif aurait probablement emporté la position mais des renforts U.S. furent signalés dans les parages et Red Cloud, écoeuré, décida de stopper le massacre de ses meilleurs combattants. Au cours du combat de Piney Island, qui prit le nom historique de "Wagon Box Fight" (le combat des caisses de chariots), 3 militaires fut tués.  Les Indiens déplorèrent entre 60 et 100 tués et un nombre de blessés bien supérieur (peut être de l'ordre de 200).

 

Si Red Cloud perdit la bataille de Piney Island, il n'en perdit pas pour autant la guerre.

La situation de Fort Kearny devint dramatique.  Les militaires qui sortirent du fort le payèrent souvent de leur vie.  Aucun renfort ne pouvait être espéré des forts voisins car ces derniers ne disposaient eux-mêmes que d'un effectif minimal.

 A l'automne 1868, l'armée dut s'avouer vaincue et abandonna Fort Kearny aux Sioux et cela définitivement.  Le fort fut incendié et entièrement rasé. La mort des trois victimes militaires de Piney Island avait été inutile.

 

Le combat d'Arickaree

17 au 25 septembre 1868

Une patrouille isolée

Dans le courant du mois de septembre 1868, une patrouille de 50 hommes, commandées par le major George Alexander Forsyth, fut envoyée dans un secteur bordant l'Arickaree, un bras de la Republican River, dans l'est du Colorado.  La patrouille avait pour mission de localiser une bande d'Indiens rôdant dans les alentours du lieu de construction d'une voie ferrée.

Au bout de plusieurs jours, les hommes de Forsyth localisèrent les Indiens et se rendirent compte qu'ils étaient complètement surclassés.  En effet, la bande d'indiens signalée était composée de 600 à 750 braves dirigés par Roman Nose, l'un des plus grands chefs de la nation Sioux.  Forsyth était certain qu'une force de cette importance ne prendrait pas la fuite devant ses hommes.  Il ne se trompait pas.

 

Beecher's island

Le 17 septembre 1868, les hommes de Forsyth furent attaqués alors qu'ils campaient sur la rive sud de l'Arickaree, non loin d'un îlot sablonneux long d'une cinquantaine de mètres et large d'une vingtaine.  Vu la sécheresse de l'époque, l'îlot n'était plus entouré que de deux petits filets d'eau et la majeure partie du lit de la rivière avait durci.

Un groupe d'Indiens chargea la petite troupe de soldats dans le but d'essayer de faire s'enfuir leurs chevaux.  Les hommes de Forsyth ripostèrent et se replièrent vers l'île où ils creusèrent, à l'aide de leurs mains ou d'outils de fortune, des trous individuels.

En dépit d'un mauvais présage signalé par un sorcier, Roman Nose prit en personne la tête de la première charge de cavaliers.  Durant le même moment, d'autres Indiens, postés sur une hauteur, tiraient en direction des hommes retranchés sur l'île.  Le médecin militaire fut tué, le lieutenant Beecher, commandant en second, gravement blessé, et Forsyth atteint à la jambe, à la tête et à la cuisse.  En dépit de ses blessures, il conserva le commandement et donna l'ordre d'ouvrir le feu lorsque les Indiens furent sur le point d'atteindre les défenseurs.  Les balles fauchèrent bon nombre d'assaillants, dont Roman Nose lui-même, et les survivants prirent la fuite.  Les Indiens tentèrent deux autres charges dans l'après-midi mais celles-ci échouèrent.

Durant la nuit, Forsyth désigna deux hommes ayant pour mission de franchir les lignes indiennes et d'atteindre Fort Wallace, situé à 160 kilomètres, pour y réclamer des secours.

A l'aube, les assauts des Indiens recommencèrent et durèrent près d'une semaine.  Dissimulés dans leurs trous et derrière les cadavres en putréfaction de chevaux, dont ils furent réduits à se nourrir, les Blancs résistèrent.

Dans l'intervalle, les messagers réussirent à atteindre Fort Wallace et une expédition de secours, accompagnée d'une ambulance, parvint sur les lieux le 25 septembre.

L'armée compta 5 tués, dont le lieutenant Beecher qui donna son nom à l'île, et une vingtaine de blessés.  Il fallut quatre jours pour ramener Forsyth, délirant de fièvre et victime de la gangrène, à Fort Wallace.  Il refusa l'amputation de sa jambe et, malgré l'avis pessimiste des médecins, réussit à se rétablir complètement au bout de deux ans de convalescence.

Les Indiens subirent de lourdes pertes autour de Beecher's Island, certainement supérieures à une soixantaine de guerriers.

 

Les lendemains de la bataille

Trois semaines après le sauvetage de Forsyth et de ses hommes, les 5ème et 10ème régiments de cavalerie, dirigés par le général Carr, se mirent à la recherche des Indiens.  Lorsque ces derniers attaquèrent, Carr fit ranger ses chariots en deux colonnes à l'intérieur desquelles les défenseurs se réfugièrent pour résister à l'assaut.  La bataille dura huit heures et les Indiens durent renoncer après avoir subi de lourdes pertes.

 

Au cours de l'hiver 1868, le lieutenant-colonel Custer, à la tête du 7ème de cavalerie, de troupes d'infanterie, et du 9ème de cavalerie volontaire du Kansas, attaqua les Cheyennes du chef Black Kettle sur les rives de la rivière Washita, à la frontière du texas et de l'Oklahoma actuels, en plein "Territoire Indien" concédé par le gouvernement U.S. et garanti par lui contre toute incursion de ses forces.  Complètement pris par surprise, les Indiens furent massacrés dans leurs villages.  La plupart des victimes furent des vieillards, des femmes, des enfants, des infirmes et des malades.  Les hommes valides purent en général se défendre ou prendre la fuite.  Black Kettle fut également tué.

Les Cheyennes survivants, conduits par le successeur de Black Kettle, Little Rock, s'allièrent aux Kiowas de White Bear, aux Arapahoes et à quelques bandes d'Apaches errant loin de leurs territoires.  Ils furent sur le point de mettre Custer en déroute avant que celui-ci ne reçoive des renforts qui lui permirent de détruire un village indien et de faire abattre 700 chevaux indiens.

L'année suivante, le général Carr, aidé par l'éclaireur Buffalo Bill, vainquit Tall Bull à Summit Springs, au Colorado.

Les dernières résistances, dirigées par le Sioux Sitting Bull et par Crazy Horse (le meilleur chef indien de l'histoire), furent dès lors cantonnées dans la zone frontière du Montana et du Wyoming, dans la vallée de Big Horn. 

Les Indiens semblaient encerclés :  à l'Est et au Nord coulaient d'importants cours d'eau difficilement franchissables, à l'Ouest se trouvait le difficile terrain des montagnes, au Sud, on trouvait dorénavant une ligne de forts militaires protégeant la voie ferrée de l'Union Pacific.

Il devint évident que la future bataille se déroulerait quelque part dans la vallée de la Big Horn River et, au vu des précédents engagements, on pouvait supposer que la supériorité d'armement donnerait la victoire aux Blancs.

 

La Marche à la Mort

Hiver 1876

Marcus Rawlings

Au début de l'hiver 1876, une colonne de 900 cavaliers quitta le camp de Goose Creek, situé à la frontière du Montana et du Wyoming, non loin de l'actuel Parc National de Yellowstone, afin de s'attaquer à une force de plus de 5.000 Indiens, dirigée par Sitting Bull et composée de contingents Sioux, Cheyennes, Arapahoes, ainsi que d'autres tribus de moindre importance, et qui, l'été précédent, avait anéanti le régiment du général Custer dans la vallée de la Little Big Horn. 

 

A la suite de leur victoire, les Indiens s'étaient retirés dans la région montagneuse située entre la Powder River et la Tongue River.  Décidé d'en finir, le général Crook, responsable de la région, avait ordonné au commandant de la colonne, le major Marcus Rawlings, d'attaquer les Peaux-Rouges qui, vu la saison, ne s'attendraient sans doute pas à un assaut aussi tardif.

 

C'est dans ce contexte que débuta une campagne qui passera à la postérité sous le nom de "Marche à la Mort", d'"Expédition de l'Enfer" ou de "Campagne de la Haine"...

 

 Placé à la tête des soldats, le major Rawlings était un officier expérimenté mais à la réputation détestable et il se disait que, sous son commandement, il y avait plus de décès par suicide que du fait des combats.

 

Campagne hivernale

Durant le premier mois durant lequel se déroula l'expédition, le climat resta relativement doux. 

Rawlings ne chercha pas l'affrontement mais laissa ses hommes faire un véritable massacre de bisons, daims et autre animaux qui furent laissés à pourrir sur place.  Ce serait toujours cela que les Indiens n'auraient pas...  Rawlings ne négligea pas non plus d'empoisonner tous les points d'eau de la région afin d'anéantir un peu plus le gibier.

 

Lorsque l'hiver débuta véritablement, Rawlings, au grand étonnement de ses hommes, décida de progresser plus avant.  Au bout d'une semaine, la température était tombée largement sous zéro et la neige avait envahi la région.  Dans ce froid, les culasses de fusils commençèrent à geler, les chevaux périrent progressivement par manque de fourrage, et les hommes en furent réduits à se nourrir de rations de campagne qu'ils durent faire dégeler dans leur bouche...

 

Il ne fallut toutefois pas longtemps pour que les soldats arrivent en vue d'un campement indien comptant plus de 500 tentes.  Les Indiens, comme cela avait été prévu, furent pris totalement par surprise.  Ils ne s'attendaient nullement à une offensive aussi tardive dans la saison et étaient persuadés que les "longs couteaux" se trouvaient dans leurs quartiers d'hiver à Fort Laramie.

 

Rawlings ordonna la charge.  En quelques minutes, le village fut en flammes et, parmi les 1.000 guerriers qui s'y trouvaient, rares furent ceux qui eurent l'occasion de récupérer leurs armes et de trouver le salut dans la fuite.

 

Rawlings ordonna de rassembler tous les prisonniers qui se retrouvèrent vite nus, leurs vêtements ayant été confisqués et jetés au feu.  Rawlings décida d'envoyer les jeunes femmes dans un bois situé à l'Ouest du campement et posta la moitié de ses hommes en position défensive. L'autre moitié fut autorisée à camper dans le bois et se vit libérée pour la nuit.  Une longue nuit de viols allait débuter.

 

Au matin, le froid avait tué tous les hommes, femmes et enfants laissés sans abri et sans vêtements.  Il avait aussi tué les 32 soldats blessés dans l'attaque du village, ce qui résolut le problème de Rawlings relatif au transport de blessés.  Avec les décès de la nuit, la destruction complète du village coûta aux Américains la perte de 62 soldats.  Aux pertes humaines, il fallait ajouter la mort de 1.500 chevaux indiens qui avaient été entravés avant la nuit et avaient tous péris gelés.  Rawlings ne pouvait laisser les Indiens les récupérer et ne pouvait perdre 1.500 cartouches pour les faire abattre.

 

Un anéantissement mutuel

Durant une nouvelle semaine, les soldats U.S. progressèrent vers la Montagne des Loups dans un paysage dévasté.  Afin de gêner l'envahisseur, les Indiens pratiquèrent une politique de terre-brûlée, brûlant tout ce qui pouvait servir aux Blancs durant leur progression.

 

Alors que les soldats campaient le long des berges d'une rivière, huit jours après la destruction du campement indien, ils furent assaillis par une force de 1.500 Indiens Sioux.  Rawlings, conscient que rester sur la défensive amènerait sa destruction, ordonna à ses hommes de s'emparer des hauteurs voisines.  Sous le commandement de l'adjoint de Rawlings, le capitaine Dalton, les Américains montèrent à l'assaut mais, bien vite, durent s'arrêter puis refluer vers la rivière.  Rawlings prit alors personnellement la tête de ses hommes et repartit à l'assaut des hauteurs.  Entraînés par "Mad Marcus" et favorisés par la supériorité de leurs (affligeants) Springfield sur les fusils à chargement par la bouche ou les arcs des Indiens, les Américains parvinrent finalement à se rendre maîtres des hauteurs.  Les cavaliers avaient perdu 300 morts ou blessés dans l'affaire, les Indiens 700 tués...  Parmi les blessés U.S., 70 s'avérèrent intransportables.  Rawlings décida de les abandonner et, conscient d'un retour certain des Peaux-Rouges, leur laissa à chacun un revolver garni d'une seule balle.

 

Rawlings l'Enragé reprit sa progression vers le coeur du territoire indien, perdant de nombreux hommes sous le feu de tireurs isolés, mais parvint finalement en vue du dernier camp indien.  A cette date, des 900 cavaliers partis de Goose Creek, il n'en restait plus que 400, équipés de 50 chevaux.

 

C'est alors que Rawlings constata qu'il s'était jeté dans un piège.  Pour atteindre le village, il lui faudrait charger entre deux falaises défendues par une multitude d'Indiens, et ce en terrain totalement découvert.

 

Rawlings réfléchit quelques instants puis, persuadé que ses troupes seraient de toute façon détruites lors d'une tentative de retraite, il décida d'attaquer.

A quatre reprises, les soldats chargèrent.  A quatre reprises, ils furent repoussés, laissant 75 % des leurs sur le terrain.  Conscient que la prochaine attaque serait la dernière, Rawlings ordonna d'allumer un feu et d'amener les derniers chevaux survivants.  Rawlings fit constituer des fagots et les fit attacher derrière les chevaux avant de les enflammer.  Marcus Rawlings enfoucha un cheval et s'élança en direction des Indiens, suivi par 50 chevaux affolés, derrières lesquels les 100 soldats survivants chargèrent à pied. 

Rawlings ne tarda pas à tomber, percé de flèches, mais les bêtes causèrent la panique chez les Indiens et permirent aux 20 derniers soldats U.S. d'atteindre le campement.  Les seuls officiers survivants, le capitaine Dalton et le lieutenant Hassen, ordonnèrent aux hommes de s'emparer de nourriture et du nombre de chevaux nécessaire avant de mettre le feu au village.  Les miraculés se hâtèrent ensuite de fuir vers Goose Creek avant que les Indiens ne se soient ressaisis.

 

 

 

Des tribus exangues

A l'instar de Custer, Rawlings avait mené ses troupes à la destruction.

Toutefois, si à Little Big Horn les Indiens n'avaient guère subi de pertes, la "Marche à la Mort" avait provoqué la perte de 2.000 guerriers indiens, soit 50% de la force qui immobilisait une moitié de l'armée des Etats-Unis dans le Far West. L'hiver 1876 - 1877 fut celui des dernières résistances importantes.  Peu après, Crazy Horse et Sitting Bull se rendirent et devinrent des prisonniers de guerre.  Ils ne tardèrent pas à être assassinés par les Américains : Crazy Horse le 7 septembre 1877 à la réserve de Red Cloud, Sitting Bull le 15 décembre 1890 au sein de la réserve de Standing Rock. La voie était libre pour les colonisateurs.  La grande résistance était brisée.


26/01/2013
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PREMIÈRE BATAILLE D’ADOBE WALLS

 

La première bataille d'Adobe Walls est l'une des plus importantes batailles opposant des soldats américains et des Amérindiens. Les tribus Kiowas et Comanches, avec leurs alliés, chassèrent du champ de bataille une force expéditionnaire américaine chargée de réagir aux attaques contre les colons blancs s'installant au sud-ouest des Etats-Unis.

 

Date 26 novembre, 1864     

Lieu Adobe Walls, Texas                

Issue Victoire indienne

                          Belligérants

Etats-Unis                                        Kiowas                                                         

                                                          Comanches

                                      Commandants

Colonel Christopher (Kit) Carson             chef Dohäsan,           

                                                                    chef Satank, chef Satanta

                                     Forces en présence

335 cavaliers, 75 éclaireurs indiens            entre 3 à 5 000 guerriers

 

                                            Pertes

6 morts, 21 blessés.                                       Entre 50 et 60 morts,  une centaine de blessés

 

 

Kit Carson

La bataille d'Adobe Walls s'est déroulée le 26 novembre 1864, à proximité d'Adobe Walls, les ruines du saloon et bureau commercial en adobe de William Bent, près de la Canadian River, dans le Comté de Hutchinson, au Texas. Il s'agit du plus grand affrontement entre Blancs et Indiens sur les Grandes Plaines. Il se produisit lorsque le général James H. Carleton, commandant du district militaire du Nouveau-Mexique, décida de punir sévèrement les tribus des plaines, les Kiowas et les Comanches qu'il tenait pour responsables des attaques contre des convois le long de la Piste de Santa Fe. Les Indiens voyaient en ces convois des violateurs de leurs terres qui tuaient le bison et d'autres sortes de gibier nécessaires aux Indiens pour survivre. Lorsque la guerre civile américaine accapara les troupes disponibles, les attaques sur les Grandes Plaines s'intensifièrent, ce qui, fin 1863, conduisit les colons à réclamer une protection.

 

Le général Carleton voulait mettre fin aux raids ou au moins envoyer un signal clair aux Indiens : la guerre civile ne laissait pas les États-Unis incapables de protéger leur peuple. Il choisit le vétéran le plus expérimenté dans les guerres indiennes dont il disposait, le colonel Christopher (Kit) Carson, pour conduire la force expéditionnaire. Carson prit le commandement du premier régiment de cavalerie, des volontaires du Nouveau-Mexique, avec l'ordre de marcher sur les quartiers d'hiver des Comanches et des Kiowas, censés se trouver quelque part dans le Palo Duro Canyon, dans la région sud de la Panhandle du Texas, sur la rive méridionale de la Canadian River. L'expédition Carson était la deuxième invasion en territoire comanche, après l'expédition d'Antelope Hills.

 

Prélude à la bataille

Cavalier de l'US Cavalry dans l'Ouest

Le 10 novembre 1864, Carson partit de Fort Bascom avec 335 cavaliers, et soixante-quinze éclaireurs Utes et Apaches Jicarillas que Carson avait recrutés au ranch de Lucien Maxwell près de Cimarron, au Nouveau-Mexique. Le 12 novembre, les forces de Carson, accompagnées de deux obusiers de montagnes sous le commandement du lieutenant George H. Pettis, de vingt-sept chariots, d'une ambulance, et de provisions pour quarante-cinq jours, descendirent le long de la Canadian River vers Panhandle au Texas. Carson avait décidé de marcher d'abord jusqu'à Adobe Walls, un endroit qui lui était familier depuis qu'il y avait été employé par Bent plus de vingt ans auparavant.

 

Un temps peu clément, en particulier une tempête de neige précoce, ralentit leur progression et ce n'est que le 25 novembre que le régiment atteignit Mule Springs, dans le comté de Moore, au Texas, à environ 48 km à l'ouest d’Adobe Walls. Les éclaireurs signalèrent la présence d'un large campement indien à Adobe Walls, et Carson lança sa cavalerie en avant, suivie des chariots et des obusiers.

 

Dohäsan

 

La première bataille d’Adobe Walls

Approximativement deux heures après le lever du jour, le 26 novembre, la cavalerie de Carson attaqua un village Kiowa de 150 huttes. Le chef, Dohäsan, et son peuple, s'enfuirent, donnant l'alarme aux villages Comanches alliés voisins. Marchant vers Adobe Walls, Carson s'y installa vers 10 h, utilisant un coin de ruines pour hôpital. Mais il découvrit avec consternation qu'il y avait de nombreux villages dans la région, y inclus un très grand village Comanche, avec un total de 3 à 5000 guerriers. Carson vit donc des milliers de guerriers se précipiter pour les affronter, une force bien supérieure à celle qu'il avait escomptée.

 

Satanta

Dohäsan, assisté de Satank (Ours Trébuchant) et Satanta (Ours assis), conduisit la première attaque des Kiowas. Un combat furieux se développa, les guerriers Kiowas, Apaches Kiowas, et Comanches attaquant à plusieurs reprises les positions occupées par Carson. On raconte que Satanta répliqua au clairon de Carson par ses propres appels de clairon. Carson réussit à repousser les attaques uniquement grâce à une habile utilisation de la couverture offerte par les deux obusiers. Après six à huit heures de combat à peu près continu, Carson se rendit compte qu'il commençait à manquer de munitions, en particulier pour les obusiers, et ordonna une retraite. Les Indiens essayèrent de le bloquer en mettant le feu à l'herbe et en le repoussant vers la rivière. Mais Carson mit en place des contre-feux et fit retraite sur un terrain plus élevé d'où les obusiers pouvaient continuer à retenir les Indiens. Lorsque vint le crépuscule, Carson ordonna à un groupe de ses éclaireurs de brûler les huttes du premier village, ce qui causa la mort du chef Kiowa-Apache (Chemise de Fer), qui refusa de quitter son tipi.

 

Massacre de Bear River

Le massacre de Bear River (également appelé bataille de Bear River ou massacre à Boa Ogoi) eut lieu le 29 janvier 1863. L’armée des États-Unis et les indiens Shoshone se confrontèrent au confluent de la Bear River et de Beaver creek (appelé maintenant Battle creek) près de Preston dans l’état de l’Idaho. Le détachement américain était conduit par le colonel Patrick Edward Connor comme une expédition punitive contre le chef indien Shoshone Bear Hunter. Parmi les grandes batailles et massacres de cette époque, Bear River est celui qui fit le plus grand nombre de victimes.

 

Bataille de la Bear River

Date 29 janvier 1863 

Lieu Battle Creek, Idaho

Issue Victoire américaine

                      

                                       Belligérants

Indiens Shoshones                                   États-Unis

 

                                      Commandants

Bear Hunter                                              Patrick Edward Connor

                                   Forces en présence  

300 guerriers                                                300 cavaliers

 

                                              Pertes

1 chef de guerre, 250 guerriers                   27 tués (dont 5 officiers) nombre inconnu de 

                                                                        blessés

 Épilogue

L’armée américaine déclara que cette bataille était une victoire. Pour rendre justice à Carson, ses troupes étaient sans doute dominées à 10 contre 1 et seule son utilisation astucieuse des contre-feux et des obusiers empêcha ses hommes d'être massacrés, comme ce fut le cas plus tard pour Custer à Little Big Horn. Cependant, l'armée américaine ne peut occulter le fait que les Kiowas, les Comanches et leurs alliés l'ont contrainte à la retraite et que par conséquent, il est difficile de contester sérieusement la victoire aux Indiens, au moins sur le plan tactique, Carson déclarant lui-même après la bataille que « les Indiens l'avaient balayé », même s'il reviendra sur cette déclaration dans le rapport officiel qu'il dictera par la suite. Carson eut 6 hommes tués et 25 blessés, alors que les Indiens perdirent à peu près 50–60 hommes et eurent environ 100 blessés.

Cette bataille est la dernière où Comanches et Kiowas forcèrent les troupes américaines à fuir le champ de bataille et elle marque le début de la fin des tribus des plaines et de leur mode de vie. Dix ans plus tard, la deuxième Bataille d'Adobe Walls, le 27 juin 1874, opposa environ 700 Comanches et un groupe de 28 chasseurs défendant la colonie d'Adobe Walls. Après un siège de quatre jours, les Indiens se retirèrent. À ce moment, il restait moins de 2 000 guerriers Kiowas et Comanches, alors que 5000 étaient encore mobilisables dix ans auparavant. La deuxième bataille est historiquement significative parce qu'elle conduisit à la guerre de la rivière Rouge de 1874-75, qui aboutit elle-même au déplacement définitif des Indiens des Plaines méridionales vers des réserves dans ce qui est maintenant l'Oklahoma.

 

 

Lieu du massacre

 

Les causes du massacre

Les pionniers s’installèrent sur les territoires occupés par les Shoshone à partir de 1856. Bien que la plupart des colons, principalement Mormons, aient eu pour consigne d’établir de bonnes relations avec les indiens, les ressources naturelles et la nourriture profitaient surtout aux blancs. Petit à petit, les Shoshone finirent par manquer de nourriture et se virent contraints d’attaquer les colons. De l’or fut découvert dans les montagnes du Montana le 28 juillet 1862. Cette découverte ne fit qu’accroître la population des colons. Plusieurs incidents, alors jugés mineurs, se produisirent à l’automne de l’année 1862, et conduisirent à la confrontation entre Bear Hunter et le colonel Connor. Le fait qu’un jeune indien fut injustement pendu pour le vol d’un cheval (l’histoire a retenu le nom de cet indien comme étant Pugweenee), fils d’un chef Shoshone, suffit à mettre le feu au poudre. Deux jeunes hommes furent assassinés (les Merrill) en représailles alors qu’ils ramassaient du bois. Une escalade s’ensuivit. Lorsque quatre guerriers Shoshone furent fusillés et jetés dans la Bear River et plusieurs mineurs tués en représailles par les indiens, le colonel Connor obtint la permission de préparer une expédition en territoire Shoshone en janvier 1863.

 

L’expédition

Le colonel Connor

Le 22 janvier 1863, deux groupes quittèrent Fort Douglas, le premier était constitué de 80 hommes menés par le capitaine Samuel W Hoyt et le second de 220 hommes ne partit que le 25 janvier. Il faisait –30° C, le matin du 29 janvier 1863 quand les deux groupes réunis se préparèrent à l’attaque. Les Shoshone s’attendaient à une attaque et s’y étaient préparés, mais leur armement n’était constitué que des quelques armes qu’ils avaient ramassées au cours de leurs propres expéditions.

 

L’attaque

A cause du froid, il fallut un certain temps pour que Connor organise ses troupes en ligne de bataille à 6h ce matin-là. Connor attaqua les positions Shoshone de manière frontale, mais fut débordé par les tirs défensifs des indiens. C’est lors de cette attaque que l’armée américaine perdit le plus de soldats. Il ordonna alors des attaques par leurs arrières et sur leurs flancs. Après deux heures d’assauts, les Shoshones n’avaient plus de munitions.

 

Les tipis des Shoshones

 

Le massacre

Les Shoshone furent alors contraints à des mesures désespérées pour se défendre, utilisant leurs vieux tomahawks ou leurs arcs. Les soldats de l’armée américaine massacrèrent tous les hommes et violèrent puis tuèrent les femmes et tuèrent leurs enfants. Certains témoins ont rapporté que les hommes avaient perdu tout sens de la discipline, pour le moins, et tout contrôle d’eux-mêmes, certains ayant tué des enfants en les tenant par les pieds pour leur fracasser le crâne sur toute surface solide qu’ils trouvaient.

Le campement fut entièrement brûlé. Bear Hunter fut tué. Quelques indiens purent fuir le massacre cependant, incluant le chef Sagwitch qui put se cacher dans une source d’eau chaude jusqu’à la nuit. Son fils, qui avait reçu sept balles fut sauvé et soigné. Les soldats perdirent 27 hommes, dont 5 officiers. Les Shoshone perdirent entre 200 et 400 des leurs, dont 90 femmes et enfants. L’armée déclara officiellement 272 morts. Le colonel Connor fut traité en héros et promu au rang de Brigadier général, puis de Major général.

 

Dessin Kiowa représentant probablement la bataille de Buffalo Wallow de 1874, l'un des nombreux affrontements entre les indiens des plaines du sud et l'armée des États-Unis d'Amérique, durant la guerre de la rivière Rouge.

La guerre de la rivière Rouge (The Red River War en anglais) est une campagne militaire menée par l'US Army en 1874 et visant à repousser les tribus indiennes Comanche, Kiowa, Cheyenne du Sud et Arapaho des grandes plaines du sud, et les forcer à s'installer dans les réserves du Territoire indien. Les affrontements de 1874 se distinguent des précédentes tentatives de l'armée de l'Union pour "pacifier" cette région de la frontière ouest.

Ce conflit s'achève en 1875, lorsque le dernier groupe de guerriers comanches offrit sa reddition à Fort Sill. Ils étaient jusqu'alors les derniers Indiens libres du sud-ouest des États-Unis.

 

Un camp comanche vers 1870.

De nombreux facteurs ont conduit à cette campagne militaire contre les tribus indiennes de la frontière sud-ouest. Durant les années 1850, les colons de l’ouest entrèrent en conflit avec les tribus qui vivaient dans les Grandes Plaines du sud depuis des siècles. Pour aider les colons à s’installer sur ces nouvelles terres, l'armée établit une série de forts frontaliers. Le début de la guerre de Sécession conduisit à un retrait des troupes de la frontière occidentale. Les Indiens durent faire face à quelques incursions d’immigrants venus de l'Est du Mississippi. Après la guerre, avec le développement du chemin de fer et l'exploitation des mines, les compagnies de chemin de fer et les colons avides de ces terres qu'ils n'auraient pas à payer, commencèrent à faire pression sur le gouvernement fédéral pour prendre des mesures militaires contre les Indiens.

Le traité de Medicine Lodge, signé en 1867, prévoyait l’établissement de deux réserves en territoire indien : une pour les Comanches et les Kiowa, et l'autre pour les Cheyennes du Sud et les Arapaho. Selon le traité, le gouvernement s’engageait à fournir aux tribus de nombreux services de base et de formation, des logements, de la nourriture et des fournitures, y compris armes et munitions de chasse. En échange, les Indiens acceptaient de cesser leurs attaques et leurs raids. Dix chefs approuvèrent le traité et certains membres des tribus furent transférés volontairement dans les réserves.

 

Quanah Parker

Mais le traité fut un échec. Un petit nombre de branches de ces tribus, y compris les Comanches Quahadi de Quanah Parker, refusèrent de signer le traité. Les chasseurs de bisons ignorèrent les termes du traité et pénétrèrent dans la région promise aux indiens des plaines du Sud. En seulement quatre ans, de 1874 à 1878, le grand troupeau de bison américain du Sud fut pratiquement exterminé. Les chasseurs tuèrent ces animaux par milliers, ramenant les peaux à l’Est et laissant les carcasses pourrir sur place. Le gouvernement américain ne fit rien pour mettre un terme à cette situation. La disparition du bison toucha rudement les tribus indiennes et les rendit dépendantes des rations de la réserve

 

Les conducteurs de troupeaux qui menaient leurs bœufs au nord à travers le territoire indien et la queue de poêle du Texas causèrent d'énormes perturbations. Un bon nombre de cow-boys traitaient tous les Indiens comme des éléments « hostiles ». Les Indiens considéraient traditionnellement tout animal traversant leur territoire de chasse comme du gibier, y compris le bétail. Ceci, allié à la raréfaction des bisons, conduisit à de nombreux affrontements.

Les promesses faites par le gouvernement américain aux indiens qui s'étaient déplacés dans les réserves s’avérèrent creuses. La nourriture était insuffisante et de mauvaise qualité. Les restrictions imposées sur les déplacements personnels, les échanges et les cultes étaient insupportables pour les Indiens. À mesure que leurs conditions de vie se détérioraient, un nombre croissant d'entre eux quittait les réserves pour se joindre aux bandes retournées dans les plaines du Texas. Les Indiens commençaient à envisager la guerre pour chasser l'homme blanc de leur terre.

 

Mackenzie

 

L’affrontement

En 1874, un leader émergea en la personne de Isa-tai de la bande Quahadi des Comanches. Isa-tai incitait à une guerre contre les Blancs[]. Parce que la majorité des Indiens se voyaient eux-mêmes dans une situation où la seule alternative à la famine était la guerre, il fallut peu de persuasion à Isa-tai pour convaincre les dirigeants indiens qu’ils devaient contre-attaquer les Blancs. Les Indiens se décidèrent à attaquer et détruire la nouvelle colonie de chasseurs de bisons d’Adobe Walls.

Le 27 juin 1874, sous la direction d'Isa-tai, du chef Comanche Quanah Parker et du chef Kiowa Big Bow, quelques 300 indiens attaquèrent Adobe Walls. Malgré leur infériorité numérique, les 28 chasseurs occupant ce poste étaient bien armés et adroits au tir. Leurs fusils à longue portée tinrent les indiens à distance. Malgré cet échec, de nombreux Indiens regagnèrent les plaines du Texas. Réalisant que les bisons disparaissaient et qu’ils perdaient l’accès à leurs terres, ils se sentirent forcés à se battre pour repousser l’empiètement croissant des Blancs. Pour les indiens, ceci conduisit à des représailles de l'armée américaine, la défaite, et le confinement dans leurs réserves.

L'attaque contre Adobe Walls servit de catalyseur à l'armée américaine qui commença à forger des plans pour soumettre définitivement les tribus des Plaines du Sud. Cette politique prévoyait l’enrôlement et la protection des indiens innocents et amicaux dans leurs réserves, et la poursuite puis l’extermination des indiens hostile, sans tenir compte des frontières des réserves ou des états. Le principal objectif de la campagne militaire était le retrait des groupes indiens de cette région du Texas et son ouverture à la colonisation anglo-américaine.

L'offensive s’organisa en cinq colonnes convergentes sur l'ensemble de la Texas Panhandle (« queue de poêle » du Texas) et plus particulièrement sur la partie supérieure des affluents de la Rivière Rouge du Sud où ils pensaient que les indiens s’étaient réfugiés. L’objectif de cette stratégie était d'assurer l’encerclement complet de la région, en éliminant pratiquement toutes les issues par lesquelles les indiens auraient pu s'échapper. Le colonel Nelson A. Miles se déplaça vers le sud à partir de Fort Dodge, le lieutenant-colonel John W. Davidson marcha vers l'ouest à partir de Fort Sill, le lieutenant-colonel George P. Buell se déplaça au nord-ouest de Fort Griffin, Le colonel Ranald S. Mackenzie vint vers le nord à partir de Fort Concho, et le major William R. Price marcha vers l'est à travers la queue de poêle du Fort Union. Le plan prévoyait la convergence des colonnes pour maintenir une offensive continue jusqu'à la défaite décisive des indiens.

Au cours de l’année 1874, jusqu'à 20 engagements eurent lieu entre l'armée américaine et les indiens des plaines du Sud, dans la région de la queue de poêle du Texas. L'armée, bien équipée, maintint les Indiens en fuite jusqu'à l’épuisement. Ils furent finalement défaits à la bataille du canyon de Palo Duro. La guerre de la rivière Rouge pris officiellement fin en juin 1875, lorsque Quanah Parker et sa bande de Comanches Quahadi se rendirent à Fort Sill. Les Comanches et les Kiowas furent confinés dans une réserve indienne au sud-ouest du territoire indien 


25/01/2013
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